Abdelmalek Boudiaf a été condamné par la justice à 7 ans de prison ferme et une amende de 400 millions de centimes. Le verdit, rendu hier par le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed impliquait l’ancien ministre de la Santé, son fils, sa fille, un ancien directeur de la pharmacie centrale des hôpitaux et nombre d’autres accusés. Abdelmalek Boudiaf et les autres accusés étaient poursuivis pour enrichissement illicite, blanchiment d’argent et recel dans le cadre d’un groupe criminel, outre l’octroi d’avantages injustifiés lors de la conclusion de contrats et de marchés. Le fils d’Abdelmalek Boudiaf, Zakaria, a été condamné à 4 ans de prison ferme tandis que sa fille, Houda, a écopé de 18 mois de prison avec sursis, quant à son épouse, elle a été acquittée de toutes les charges, qui pesaient sur elle. La même juridiction a prononcé dans le cadre de la même affaire, une peine de 18 mois de prison ferme contre M’hamed Ayad, ancien directeur général par intérim de la pharmacie centrale des hôpitaux. En ce qui concerne le reste des mis en cause, des peines allant de l’acquittement à 4 ans de prison ferme ont été prononcées toujours en rapport avec cette affaire de grosse corruption. Entre septembre 2013 et mai 2017, Abdelmalek Boudiaf avait occupé le poste de ministre de la Santé et de la réforme hospitalière dans le gouvernement Sellal avant d’être limogé dans le mouvement du remaniement qui avait porté Abdelmadjid Tebboune à la tête du gouvernement, le 25 mai 2017. Son passage à la tête de ce ministère, qui a duré environ 4 ans, avait été marqué par le scandale RHB, une supercherie médiatico-scientifique, qui a bénéficié du soutien promotionnel du ministre. Abdelmalek Boudiaf, qui avait reçu à plusieurs reprises dans son bureau le dénommé Zaïbet, avait soutenu que l’invention de ce dernier allait provoquer une révolution dans le traitement du diabète à travers le monde. Dans quelles circonstances, Zaïbet au parcours énigmatique qui a osé mentir en prétendant avoir obtenu un doctorat en médecine de l’université de Lausanne, a-t-il été mis en contact avec le ministre de la Santé ? Des circonstances troubles en tous les cas. Les deux hommes s’étaient connus à Constantine à l’époque où Abdelmalek Boudiaf dirigeait cette wilaya. Il est à rappeler qu’interdit de vente en décembre 2016, le RHB Rahmet Rabi a fait son retour en Algérie sous une autre appellation. Il était vendu sur Internet sous une appellation turque, avait rapporté le quotidien Le soir d’Algérie, à l’issue d’une enquête dont les résultats ne laissent aucun doute autour de l’identification de ce produit commercialisé de façon presque clandestine. Conçue par un faux docteur, l’arnaque du complément alimentaire, qui avait bénéficié du soutien personnel d’Abdelmalek Boudiaf et d’une campagne promotionnelle sans précédent menée avec zèle par des quotidiens arabophones et des chaînes TV privées, a vite tourné au scandale politico-sanitaire, lorsque des professionnels de la santé ont réussi à démonter le CV mensonger du dénommé Zaïbet. Avant de grimper dans la hiérarchie, Abdelmalek Boudiaf a été entres autres fonctions wali de Ghardaïa de 2001 à 2005. De nombreuses personnalités politiques de l’opposition et des militants des droits de l’Homme n’avaient pas hésité en 2008 à l’accuser de porter une part de responsabilité dans les inondations qui ont endeuillé la région du M’zab. Ils lui avaient reproché d’avoir négligé à l’instar des walis, qui l’avaient précédé, à prendre en charge le plan d’urbanisme. A Constantine et à Oran, il a été chargé de plusieurs affaires. Accusé de « trafic d’influence », « détournement de foncier »et « abus de fonction » dans l’affaire concernant Abdelghani Hamel, il a été incarcéré en Avril 2020 et condamné à 3 ans de prison. Il est à rappeler que plusieurs dossiers le concernant pour la période 2005-2010, durant laquelle il était wali à Constantine avaient amené les enquêteurs de la brigade économique et financière à l’interroger en octobre 2020.
Mohamed Mebarki
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