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Guelma: la mosquée Ibn Khaldoun et la zaouïa Rahmania intégrées dans un circuit touristique

 Le circuit touristique religieux conçu par la direction du Tourisme et de l’Artisanat à Guelma intègre la mosquée Ibn Khaldoun du chef-lieu de wilaya et la zaouïa Rahmania du village Nador, deux monuments symboles de l’attachement de la population locale à l’identité nationale et leur religion face aux plans coloniaux.

Ces deux monuments dont la construction remonte au XIXème siècle ont joué un rôle fondamental dans la mise en échec des plans du colonialisme français visant à détacher le peuple de son identité et de son authenticité, à travers la diffusion des valeurs religieuses et nationalistes, et la consolidation de l’appartenance à la civilisation arabo-islamique, affirme Salah Bakel, directeur du tourisme et de l’artisanat.

Le circuit ainsi proposé permet à son utilisateur de découvrir, en une journée, deux pans importants du patrimoine culturel local, précise le même responsable.

Il a indiqué que la direction a réservé son espace intitulé « chaque jour une photo », lancé depuis trois semaines sur sa page officielle Facebook pour la publication de photos sur ces deux monuments à l’occasion du mois sacré mettant en exergue leur rôle leader sous l’occupation coloniale dans l’enseignement du saint coran et des sciences de la charia et de la langue arabe et la lutte contre l’illettrisme et le charlatanisme.

L’écrivain et spécialiste de l’histoire locale, Abdelghani Boussenobra, a indiqué à l’APS que la construction de la mosquée Ibn Khaldoun, également appelée El-Atik, a démarré en 1848 et la première prière y a été officiée en 1851. Sa réalisation a été assurée avec le concours des enfants de la région et grâce aux dons de bienfaiteurs notamment après chaque fin de moisson-battage dans un élan collectif qui traduit leur attachement à leur identité et leur foi, souligne le même spécialiste.

Des pierres taillées des ruines de l’ancienne ville romaine ont été utilisées dans la construction de cette mosquée réalisée dans un style architectural ottoman pour marquer leur différence face à l’architecture coloniale, note cet écrivain qui relève que le journal El Moubachir, publié par les autorités coloniales en arabe, a évoqué, dans une de ses éditions de 1848, le début de la construction de cette mosquée et de plusieurs autres en différents endroits du pays dont Sétif.

Véritable œuvre d’art par son architecture islamique et ses magnifiques décorations de style ottoman, cette mosquée que certaines traditions orales non confirmées font remonter le début de la construction à la fin de la période ottomane vers 1824 et son ouverture à 1852 , a fait l’objet ces dernières années d’une vaste opération de restauration.

Cet édifice cultuel renferme, en plus des salles de prière et d’enseignement coranique, une cave spacieuse qui servait à l’entreposage des provisions durant la glorieuse révolution libératrice.

 

                                   Zaouia Rahmania: pépinière du nationalisme

 

Située dans le village Nador dans la commune de Béni Mezeline, à 22 km à l’Est de la ville de Guelma, la zaouïa Rahmania a été, elle, fondée par cheikh Amara et El-Hafnaoui Beddiar, rapporte l’écrivain et spécialiste en patrimoine, Mohamed Benrektane. Ce monument qui témoigne de l’histoire et de la ferveur religieuse dans la région, a été construit en 1869 et classé patrimoine national en 1999, précise la même source.

De l’ouvrage « Les Savants des zaouïas de Nador », Benrektane relève que cheikh Amara fondateur de la zaouïa, né en 1832, a fait ses études dans la zaouïa de Seddouk à Bejaia où il a obtenu la Idjaza « diplôme » auprès de son maitre Mohamed Ameziane Ben Ali, plus connu par cheikh El Heddad qui est une figure éminente de la révolte d’El Mokrani contre l’occupant français en 1871.

Selon cet auteur, la zaouïa de Nador était, sous l’occupation, un institut d’enseignement et de religion qui disposait de quatre bâtiments: la mosquée, l’école coranique et d’enseignement qui accueillait des élèves en régime interne et externe, Dar El Istighatha où des actions caritatives étaient assurées aux pauvres et aux nécessiteux, et Dar Solh où était résolus les différends et litiges.

Un grand nombre des élèves de cette zaouïa dont la mosquée est aujourd’hui encore ouverte aux prières et aux Tarawihs du ramadhan, a rejoint la Révolution de libération, selon la même source qui souligne que cheikh Amara fut placé en résidence par les autorités coloniales et emprisonné dans la ville de Guelma.

A sa mort en 1901, il a été remplacé par son fils Mohamed El Hafnaoui qui a continué sur la voie de son père jusqu’à sa mort en 1943. Lui succédant, cheikh Abdelmadjid a maintenu le même cap engagé jusqu’à la fermeture de la zaouïa par les autorités coloniales en 1958 et ce n’est qu’après l’indépendance que la zaouïa fut rouverte, a précisé Benrektane.

Imam bénévole chargé des prières et des prêches dans cette zaouïa, Abdelwahab Mouamnia assure que cette institution poursuit la mission voulue par son fondateur cheikh Amara et ses fils après lui, même si elle ne reçoit plus d’étudiants en raison de la vétusté de ses bâtiments qui ont besoin de restauration.

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