« Un pays est d’abord fort par son économie. Le reste viendra. » Dans une longue interview accordée au site d’information de la chaine d’informations Al-Jazeera, le chef de l’Etat a énuméré les réalisations économiques de l’Algérie ces dernières années et se dit optimiste pour l’avenir et il s’est longuement exprimé sur les questions diplomatiques .Interrogé sur la gestion du Mali, le président de la République a rappelé la position de principe de l’Algérie : la solution à la crise du Mali passe par « le développement économique et social » et non par les armes. Là, il a marqué une différence de points de vue avec la France qui préfère, selon lui, la seconde option. A la question de savoir quelle attitude on doit adopter face à la montée des groupes terroristes, Abdelmadjid Tebboune a rappelé que l’Algérie était déjà victime de ces groupes. « La première victime de l’instabilité (au Mali) c’est l’Algérie. Nous sommes le seul pays dont des diplomates ont été enlevés au Mali, dont deux ont été assassinés », déclare d’abord le président Tebboune à Al Jazeera, avant de désigner, sans la nommer, la partie qui était derrière cette opération terroriste. « Nous savons qui a fait cela, c’est un pays voisin, à travers une organisation terroriste fictive qu’ils ont créée au Mali », a-t-il accusé. Kidnappés en avril 2012, le vice-consul Tahar Touati a été exécuté en septembre 2012 et le consul Boualem Saies a trouvé la mort en captivité des suites d’une maladie chronique. Le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’ouest) avait revendiqué cet acte, exigeant la libération de terroristes détenus en Algérie et une rançon de 15 millions d’euros. Plus globalement, l’Algérie continuera à aider le Mali, a-t-il tranché. « Personne ne nous empêchera d’aider nos frères au Mali et nous ne laisserons personne séparer le nord-mali du reste du pays », a réitéré Abdelmadjid Tebboune. Le président algérien a souligné en outre que l’Algérie et la France n’ont pas la même vision quant à la solution à la crise malienne.« Nous coordonnons avec tout le monde, les États-Unis, la France, l’Allemagne, avec tous les pays européens, pour la sécurité et pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme, mais nous n’avons pas la même vision avec la France et je l’ai dit au président français », a-t-il poursuivi .Dans le domaine de la politique intérieur, le président de la République a annoncé que les autorités avaient déjà récupéré plus de 22 milliards de dollars de biens détournés par les anciens oligarques. Parmi les biens récupérés, on trouve des hôtels appartenant à Ali Haddad, situés en Espagne. « Nous avons commencé avec les biens qui se trouvent en Algérie, l’argent, les avions, etc. Jusqu’à maintenant, la justice a prononcé la confiscation de biens d’une valeur équivalente à 22/23 milliards de dollars », a-t-il détaillé. A la question de savoir à quel point les Européens étaient prêts à coopérer, le président de la République a rappelé que c’est un « devoir » pour les Européens de coopérer avec l’Algérie dans ce dossier « car toutes les opérations de transfert illégal de l’argent algérien se sont faites vers leurs pays et les comptes se trouvent chez eux ».Les transferts se sont faits vers « tous les pays européens, particulièrement les pays méditerranéens, la France, Espagne Belgique, Suisse, Luxembourg », a-t-il précisé .Interrogé sur l’entrée de l’Algérie dans le groupe des Brics, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que « L’Algérie prendra d’autres initiatives avec des économies plus fortes. Les banques et les investissements dans les BRICS permettront de renforcer l’Algérie sur le plan économique. Même politiquement, en tant que pays du mouvement des non-alignés, nous sommes proches de ce pôle », a-t-il dit. « La Chine, la Russie, l’Afrique du Sud et le Brésil sont favorables à la demande d’adhésion, et l’Inde ne s’y est pas opposée », a ajouté le Président Tebboune. L’Algérie devrait adhérer lors de la prochaine réunion périodique du groupe prévue l’été prochain en tant que « pays observateur dans un premier temps. Avec l’amélioration des indicateurs, nous deviendrons un membre à part entière au sein des BRICS », a-t-il fait savoir .Concernant la situation interne, le chef de l’Etat a assuré que « tous les indicateurs économiques de l’Algérie sont au vert et l’économe nationale est dans le bon sens », relevant que le pays enregistrait « une croissance, un développement, des espoirs, et des horizons, comme en témoignent toutes les instances internationales », avant de faire observer que la véritable force des peuples « n’est pas la puissance militaire, mais plutôt la force économique », a-t-il fait observer. L’autre fait marquant dans cette dynamique, poursuit le président Tebboune, est que des secteurs à l’instar de l’Agriculture contribuent efficacement désormais au Produit intérieur brut (PIB), l’Algérie ayant enregistré une production agricole de 34,5 milliards USD fin 2022 soit 17% du PIB, tandis que la contribution prévisionnelle du secteur industriel au PIB devrait augmenter à au moins 10 % d’ici 2024-2025.Revenant sur la structure de l’économie algérienne, le chef de l’Etat a précisé que « 85% du capital algérien est privé, et l’ère de la gestion administrative de l’économie est révolue ».
Akli Ouali
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