En ce mois de carême, les ménages n’ont malheureusement, pas dérogé à la règle et continuent à verser dans le gaspillage, et ce, en dépit des campagnes de sensibilisation initiées par les services concernés et les imams.Ces derniers n’ont cessé d’appeler dans leurs prêches à la modération dans la consommation, en vain. Pour preuve, les ordures ménagères sont passées du simple au double, en l’espace de quinze jours, voire moins. Ce constat désolant est aussi un signe, qui ne trompe pas sur cette anarchie dévastatrice de notre mode de consommation. Une anarchie dont les signes sont là : on achète pour ensuite jeter dans la poubelle ! Et sur ce plan, nos éboueurs peuvent en témoigner. Les bacs à ordures sont pleins à craquer et à longueur de journée. On y trouve un peu de tout : des restes d’aliments à moitié consommés et surtout du pain !Selon certaines estimations, les algériens jetteraient quatre millions de baguettes de pain par an ! Et les constantinois figurent, certainement, parmi cette population de « gaspilleurs », de grands gaspilleurs de pain.« De quoi nourrir plusieurs bouches affamées », affirme ce père de famille, rencontré à la sortie d’une mosquée. Tous les appels lancés par des associations afin d’en finir avec la gabegie, sous toutes ses formes, se sont soldés par un échec. « Nous sommes en train d’assister à une défiance de toutes les règles du bon sens. En dépit de son caractère nocif sur tous les plans, environnemental et social entre autres, le gaspillage semble s’installer dans les traditions de la famille algérienne », déplore Boubaker Djimli, un enseignant à l’université de Constantine, à la faculté de sociologie en l’occurrence. Sans doute aucun, le gaspillage est financier, mais il est aussi d’ordre moral, a-t-il tenu à rappeler. Ce sociologue n’a pas caché son exaspération face à ces tonnes de déchets ménagers que les éboueurs ramassent chaque jour des quartiers de la ville. Que vous soyez à Daksi, à Ziadia ou à Boussouf, pour ne citer que ces trois cités, c’est la même scène qui se reproduit: les ordures font partie du décor de ces quartiers. Hélas, Ramadhan a beaucoup perdu de sa spiritualité, s’accordent à dire beaucoup de fidèles. Et de ces ordures ou plutôt des restes d’aliments jetés, chaque jour, par les ménagères, se nourrissent de nombreuses familles nécessiteuses! Des scènes déplorables auxquelles nous assistons quotidiennement et qui illustrent parfaitement les ambivalences d’une société.
M. Kherrab
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