Promulguée le 12 mai 2014, une directive instruisant les autorités locales de l’impérative préservation des terres agricoles et des domaines forestiers, semble totalement bafouée à Annaba. Pourtant, tous les premiers ministres qui avaient succédé depuis, avaient carrément soustrait aux prérogatives des walis le déclassement des terres agricoles, tout en insistant particulièrement sur les terres qui présentent des potentialités agricoles élevées. Il s’agit notamment de celles bénéficiant de fortes capacités d’irrigation, à l’exemple de celles du sud de la wilaya d’Annaba. Celles-ci sont donc strictement exclues de tout déclassement et pour quelque projets que ce soit. Cependant, contre toute attente, les dépassements à la réglementation régissant les terres agricoles sont constatés à travers pratiquement toutes les communes de la Coquette, notamment à El Hadjar, à Berrahal, un degré moindre à Aïn Berda, El Eulma et Chorfa. Selon des ex-cadres du secteur, en particulier dans les daïras d’El Hadjar et de Berrahal, des projets considérés comme « hautement polluants » ont été accordés et sont actuellement en activités sur des terres agricoles. La contraction illicite y avance à grand pas et semble intraitable, en raison, selon beaucoup, de « l’anarchie ambiante et la déliquescence des institutions de l’Etat qui prévaut à Annaba ». Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour dénoncer et attirer l’attention des plus hautes instances du pays, afin de mettre un terme à une situation aux conséquences qui risquent d’être désastreuses. Ainsi, à El Hadjar, au même titre que Berrahal, où des stations d’enrobé ont été autorisées, à la grande surprise des fellahs, des stations-service et de showrooms, entre autres, ont vu le jour sur les terres les plus fertiles de la wilaya d’Annaba. Pour le président de l’Association Nationale pour la Protection de l’Environnement et la lutte contre la Pollution (ANPEP), M. Halimi, des projets tels que la station d’enrobé qui s’est avéré, au fil des jours, générateur de pollution aggravée, ne devraient pas être implantés dans ces zones à hauts rendements agricoles. « Il ne fait aucun doute que l’implantation des projets polluants, à l’image des stations d’essence, ne peuvent être que rejeté d’office dans une région agricole du genre. Ils ne devraient même pas faire l’objet d’une enquête », affirme-t-il. Le comble, du côté du pôle urbain Kalitoussa, chaque mètre carré agricole, y compris les superficies inclues dans le périmètre du lac Fetzara, semblent aujourd’hui squattés et barricadés par des particuliers. Paradoxalement, les « colonisateurs » ont déposé des dossiers de régularisation dans le cadre de la loi n°08/15 auprès des services concernés.
B. Salah-Eddine
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