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Présumées affaires de corruption: remettre les pendules à l’heure

La lutte menée par l’Algérie contre la corruption sous toutes ses formes est entrée depuis quelque temps dans les mœurs politiques et judiciaires, en attendant une plus grande mobilisation de la société civile face à ce fléau, qui a dérouté pas mal de pays. Quelle soit matérielle ou morale, la corruption a toujours existé d’une manière ou d’une autre, même si pendant l’ère Bouteflika, notamment après la détérioration de son état de santé et la mainmise opérée par des cercles non constitutionnels sur la Présidence, elle est devenue systématique et à grande échelle. En 10 ans, les délits et les crimes financiers se sont généralisés d’une façon spectaculaire. Malversations diverses, transferts illicites d’argent vers des banques à l’étranger, surfacturation débridée ont constitué l’actualité d’un pays à la dérive, livré aux réseaux mafieux de tous acabits. En un mot, l’Algérie a vécu une de ses périodes noires, marquée par des détournements massifs de l’argent de l’Etat, soutiré sous le couvert d’une gestion calamiteuse des deniers publics, à un tel point que tous les cadres, du moins la majorité d’entre eux, ont été traumatisés par une méga forfaiture qui a failli ruiner l’Algérie. La crainte d’être trainé devant la justice a poussé de nombreux cadres administratifs ou exerçants dans le secteur public, à éviter de prendre leurs responsabilités entières, malgré les assurances du président de la République. Car sur le terrain, la lutte contre la corruption, même si elle n’a pas été dévoyée pour devenir une chasse aux sorcières, comme celle que le pays a connue au milieu des années 1990, elle n’a pas échappé à certaines pratiques inacceptables. En effet, l’impunité dont ont bénéficié certains cadres a fini par jeter une ombre sur une opération de salubrité publique. Même si l’Algérie n’a pas totalement extirpé la corruption, puisque cela demande du temps ; le phénomène a tendance à diminuer. Mais pour que la lutte puisse récolter des résultats probants, il est primordial de mettre fin à cette impunité, qui porte du tort au travail gigantesque accompli. Dans un souci de protéger les cadres de la nation, le président de la République a pris une batterie de décisions pour « dépénaliser » les erreurs de gestion. Mais il faut que cette décision soit accompagnée par des mesures sur le terrain. Il faut que cette satanée impunité disparaisse. Tout le monde devrait être placé sur le même pied d’égalité. Il n’y aura plus aucune circonstance atténuante pour un responsable qui s’en met plein les poches dans l’exercice de ses fonctions, ou qui a la chance de pouvoir compter sur des circonstances spéciales lui permettant d’échapper aux poursuites.  L’épisode Diafat constitue-t-il une preuve de la fin de l’impunité ? Tous les Algériens ne demandent que de le croire. Certes, il n’y a absolument, ni règlements de comptes, ni chasse aux sorcières, encore moins l’existence d’une liste de cadres en poste ou sans qui seraient « sous contrôle judiciaire ». Mais les cadres gestionnaires ont besoin d’être soutenus davantage.

Mohamed Mebarki

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