La salle de conférences du Park Mall de Sétif a abrité, en fin de semaine passée, la deuxième table ronde de la fondation « Heritage, city & Architecture ». Ainsi, après le projet de loi sur l’urbanisme, les architectes de Sétif ont, lors de la deuxième édition, abordé la question de la typologie de construction des mosquées qui a fait l’objet d’un arrêté interministériel daté du 29 mai 2022 (Journal Officiel numéro 61 du 19 septembre 2022). « Ce texte est établi en application du statut de la mosquée promulgué par le décret exécutif numéro 13-377 du 9 novembre 2013. Les professionnels, et même les citoyens, attendaient depuis longtemps cette décision en raison du désordre qui déformait le tissu urbain et gaspillait beaucoup d’argent, surtout au cours des deux dernières décennies », nous explique Farid Bensalem, architecte et président de la fondation « Heritage, City & Architecture ». Et d’expliquer : « Cet arrêté est venu corriger les erreurs et changer certaines pratiques relatives à la construction des mosquées, notamment l’aspect architectural et fonctionnel, en mettant en place des mécanismes pour combiner le côté technique d’une part, et le côté culturel et esthétique d’autre part. Il s’agit aussi de mettre en valeur l’identité nationale dans la construction des mosquées au vu de la richesse qui caractérise notre pays. Ceci en plus de créer la concurrence lors de l’inscription de ce genre de projets. L’intervenant a tenu à préciser qu’il s’agit également de déterminer la typologie de la construction des mosquées en définissant les normes urbanistiques, architecturales, techniques et programmatiques dans le cadre du développement durable, relatives à la conception de toutes les mosquées de la République, quel que soit leur classement, dans le respect du référent religieux national. « Le processus d’ajustement des normes dans ce cahier des charges permet de construire des mosquées selon des règles et des normes techniques qui assurent un niveau de qualité, de confort et de sécurité équivalent. Ceci avec la nécessité d’assurer la qualité requise dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme, qui doit refléter le style local inspiré du patrimoine architectural islamique maghrébin, dans le respect du référent religieux », explique en substance le secrétaire général de la fondation, Fayçal Saad.
Développement durable : à méditer
Outre les aspects précités, la définition de normes et d’exigences techniques dans un cahier des charges-type intervient pour préparer un projet intégré et harmonieux, tout en prévoyant un programme qualitatif et quantitatif pour chaque mosquée selon sa classification. Il s’agit également d’intégrer le concept de développement durable en utilisant des énergies renouvelables et en favorisant l’efficacité énergétique, de recourir à l’utilisation de nouvelles techniques de construction pour réduire les délais et les coûts de réalisation et de respecter les règles de prévention des catastrophes naturelles et des risques majeurs, ainsi que les règles de protection des bâtiments. Par ailleurs, l’architecte a tenu à préciser que les dispositions du présent cahier des charges ne visent en aucun cas à limiter la créativité dans le domaine architectural. « Le concepteur doit chercher les meilleures solutions urbaines, architecturales, techniques et durables pour répondre qualitativement et quantitativement au projet de mosquée à construire. Il doit s’inspirer du patrimoine architectural islamique maghrébin pour concevoir une mosquée qui reflète ce style tout en étant adaptée aux besoins actuels. Dans ce contexte, la mosquée doit constituer un élément de référence dans l’agglomération ou la ville dans laquelle elle se situe, notamment par sa forme architecturale, sa taille, sa coupole et son minaret », a conclu l’intervenant. Dans le même ordre d’idées, le chef du département d’architecture de l’université Ferhat Abbas (Sétif-1), Yacine Rahmane, a souligné que la promulgation de la loi relative à la typologie de construction des mosquées permettra de protéger l’histoire et l’identité de l’architecture islamique en Algérie. Il a ajouté que cet arrêté garantit l’adaptation et le respect du cahier des charges-type pour la construction des mosquées, en prenant en considération la spécificité de chaque région du pays, dans le respect absolu du patrimoine architectural maghrébin islamique. De son côté, le directeur local des Affaires religieuses et des Wakfs, Salim Larkam, a souligné qu’en application des directives du ministre de tutelle, les services des affaires religieuses de la wilaya de Sétif, représentées par le conseil de construction et d’équipement relevant de la fondation de la mosquée, ont l’intention d’organiser prochainement une campagne d’explication, de sensibilisation et de vulgarisation sur l’application dudit arrêté. Cette campagne profitera à ceux qui ont la charge de la réalisation et du suivi de la construction des mosquées, aux bienfaiteurs, aux associations religieuses, aux services techniques des communes et des daïras, ainsi qu’à toutes les directions concernées par la délivrance du permis de construire.
Faouzi Senoussaoui
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