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Dix ans après sa disparition : Abdelhamid Kermali, un coach hors normes

Carrière de loin brillante et féconde en tant que joueur et premier entraîneur à avoir offert à l’Algérie une coupe d’Afrique des Nations en 1990 et un autre trophée afro-asiatique. La qualification des juniors pour la phase finale du Mondial du Japon en 1979 est l’œuvre du cheikh, parti le 13 avril 2013. L’ homme qui a bourlingué plus de 60 ans d’un stade à un autre, d’une contrée à une autre et d’un pays à un autre fait partie de la trempe des grands serviteurs de cette belle et fertile terre d’Algérie. Kermali, qui s’est distingué beaucoup plus comme manager, fait partie de cette race d’hommes passionnés qui ont fait et marqué l’histoire du sport roi, chez nous. La vie de Kermali qui a ouvert les yeux à Akbou (Béjaïa) le 27 avril 1931 n’a pas été facile. L’aîné d’une lignée, qui en comptera deux frères et une sœur, devient « majeur » en charge d’une famille, à l’âge de 10 ans. Il commença sa longue et riche carrière à l’UFSMS, fit son entrée en équipe seniors en 1948, à l’âge de 17 ans, à l’occasion d’un certain USFMS-AS Bône. Avec deux buts à la clé, ce coup d’essai fut, le moins qu’on puisse dire, un coup de maître. Kermali gagne vite en maturité. Il s’imposera rapidement comme un incontestable titulaire du flanc droit de l’attaque usmiste. Ses prouesses emballent les initiés, savourant à chaque spectacle le style, les accélérations et ouvertures lumineuses de ce jeune. A l’issue d’un match de coupe USFMS-Etoile de Skikda, disputé à Constantine, un colon qui a été vraisemblablement épaté par la classe du Sétifien, lui signifia qu’il devait tenter sa chance en France. Cette proposition l’enchante, lui donne même des idées. D’autant qu’il voulait faire du ballon rond une profession. Sans se soucier des conséquences, Kermali qui s’est fait un nom à côté de Souna, Sahraoui, Assassi, Safsaf, Selami, Lakhlif II, Zaiar, Kari, Amara,  Djeridi et bien d’autres figures, et, sur un coup de tête, prend, un jour, la direction d’Alger où il a signé une deuxième licence à l’USMA. Cette ‘’fugue’’ n’a pas été du goût des grenats. À défaut d’une longue aventure à Soustara qui s’est achevée au bout de quelques mois, Kermali est obligé, la mort dans l’âme, de revenir au bercail. Cette aventure lui vaut une suspension de deux années. La sanction accentue la galère du joueur qui devient du jour au lendemain chômeur. Pour sortir du ‘’trou’’, l’exil taraude l’esprit de l’aîné d’une famille vivant toujours dans la misère.  Un jour, il subtilise 10.000 francs à sa vieille maman et prend le chemin de l’hexagone. Mulhouse sera la première étape. La première saison (55/56) en France sera un régal pour les amateurs de la technique raffinée. Cette remarquée et remarquable entrée en la matière attire les recruteurs et imprésarios. Les sollicitations de l’AS Cannes (un club de D II) où évolue un autre Sétifien, feu Mokhtar Arribi, ne laissent pas indifférente la nouvelle star qui voit désormais grand. Après un round de négociations, Kermali rejoint à Cannes le grand Mustapha Zitouni. A la croisette, le petit sétifien explose, étale toute sa classe, impressionne, coéquipiers et adversaires. Malgré un handicap de gabarit, Kermali dit “Karboua” se comporte tantôt comme ailier tantôt comme avant centre, et des fois comme passeur. A l’issue de la saison (1956/57), l’olympique lyonnais qui vient de s’attacher les services de Troupel (l’ex-coach de l’AS Cannes), fait les yeux doux à Kermali. La présence de l’entraîneur susnommé et d’une importante communauté d’émigrés à Lyon le pousse à rejoindre le pays des gones. Kermali réalise à côté d’André Laurent (capitaine de l’équipe de France), du Brésilien Costantino et d’autres vedettes, une saison de rêve. La seconde s’achève pour lui et pour bon nombre de professionnels algériens, un dimanche 13 avril 1958. A l’appel de la patrie, Kermali (Lyon), Arribi (Avignon), Bouchouk (Toulouse F.C) et Mekhloufi (As Saint Etienne), formant le groupe des Lyonnais, qui a transité par la Suisse et l’Italie, rejoint, dimanche 20 avril 1958, Tunis où allait débuter l’épopée de la glorieuse équipe du FLN. Après l’indépendance, Cheikh Kermali a fait le tour d’Algérie où il a entrainé, tour à tour, l’USMS, l’ESS, l’USM Annaba, le CSC, l’US Chaouia, le HBCL, le CABBA, l’ES Mostaganem et le MCA. Ses passages réussis au MCA et à l’entente de Sétif seront ponctués par des titres. L’ancien coach de l’EN a drivé l’Itihad de Tripoli, Ras El Kheima (Emirats arabes unis) et l’AS Marsa (Tunisie). Dix ans après sa disparition, le souvenir du  grand coach pour lequel le football a été une passion et une raison d’être demeure vivace dans les mémoires des nostalgiques de la bonne et belle époque.

A. Bendahmane

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