Lors de la séance plénière consacrée aux questions orales, tenue jeudi à l’APN, Ali Aoun a fait face à une situation presque inédite. Le ministre de l’Industrie et de la production pharmaceutique a été contraint de répondre à une question, qui n’a jamais été soumise à ses prédécesseurs. Un député s’est hasardé à l’interroger sur l’absence du secteur privé dans la fabrication et l’importation du tabac. Sujet très sensible pour un homme, qui a fait toute sa carrière dans le domaine du médicament, l’industrie du tabac est un des secteurs qui n’a jamais eu de problèmes de croissance, malgré ses effets nocifs sur la santé publique et même l’environnement si l’on se réfère à un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, publié il y’a plus de 10 ans. Visiblement très gêné, Ali Aoun s’est d’abord contenté de rappeler que la loi actuelle sur l’investissement stipule clairement « la consolidation du principe de liberté d’investissement ». « La fabrication du tabac sous toutes ses formes est une activité réglementée dont l’exercice nécessite l’obtention d’agrément de fabricant de produits du tabac, délivré par le ministère des Finances, conformément à un cahier de charges régissant les activités de fabrication, d’importation et de distribution de ces produits », a-t-il indiqué. Concernant l’importation, il a affirmé que « seuls les fabricants de tabac sont autorisés à l’importer ». Il est à signaler que les firmes étrangères installées en Algérie ont enregistré des profits colossaux tirés de l’importation. Très bien placé pour connaitre les dépenses en soins et en médicament destinées au traitement des pathologies provoquées par le tabagisme, Ali Aoun s’est senti à l’étroit dans son profil de ministre de l’Industrie ! Il convient de noter que l’industrie du tabac est considérée comme le second pourvoyeur de recettes fiscales après le secteur des hydrocarbures. Une situation paradoxale, quand on prend en compte les dégâts résultant de la consommation de tabac exigeant des dépenses de soins beaucoup plus importants que les recettes tirées de la taxe sur le tabac. A l’échelle mondiale, l’OMS avait fait savoir que l’industrie est responsable de la perte de 600 millions d’arbres, étant donné que la culture du tabac utilise chaque année 200.000 hectares de terres et 22 milliards de tonnes d’eau, et émet environ 84 millions de tonnes de CO2. « Les produits du tabac, qui sont les détritus les plus souvent jetés de la planète, contiennent plus de 7.000 composés chimiques qui, une fois jetés, se répandent dans l’environnement », a indiqué le rapport. « Chacun des 4.500 milliards de mégots de cigarettes qui finissent chaque année dans la nature peut polluer jusqu’à 100 litres d’eau », ont signalé les auteurs de ce même rapport.
Mohamed M
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