Les remous provoqués par la démolition, au début de ce mois d’avril, du vieil Hôtel du Sahara, situé au centre-ville de Biskra, ne s’estompent pas, constate-t-on. La perte de cette bâtisse caractéristique des constructions coloniales, érigée au XIXe siècle « dont la destruction totale était devenue inévitable au vue de son état de vétusté avancée », selon les autorités locales, a déchainé les internautes. Ces derniers n’ont pas manqué, à travers les réseaux sociaux, d’exprimer leur effarement et incompréhension et de qualifier cette opération de « non fondée et scandaleuse ». Avisé et sensibilisé par des citoyens sur la transformation de l’hôtel en question en un tas de gravats, le groupe des indépendants de l’Assemblée Populaire Nationale (APN) a transmis au ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire un recours. Ces députés y sollicitent une intervention rapide « afin de mettre un terme aux dépassements touchant le patrimoine bâti de la wilaya de Biskra », soulignent-ils. Dans ce document daté du 14 avril 2023 et signé par Abdenacer Baaziz, il est rappelé que les monuments historiques portant un cachet particulier représentent une partie insécable du patrimoine national algérien. Ces monuments personnifient l’identité nationale « sans laquelle les jeunes générations ne sauraient connaitre leur origine et l’histoire de leur pays », est-il précisé. A noter que ces députés ont joint à leur missive les preuves de la forfaiture perpétrée contre le patrimoine national à Biskra. Fulminant encore contre cette décision de raser l’Hôtel du Sahara représentant pour eux un pan important de l’histoire de la ville, une quinzaine d’associations et de corporations activant pour la promotion et la préservation du patrimoine architectural et archéologique ont unis leurs voix, dans une pétition, pour s’élever véhément contre cet acte. Celui-ci « s’inscrit dans un vaste plan de destruction des vieilles constructions de Biskra, telles que l’ancien Hammam Salihine, l’Hôtel Royal et l’ex-siège de la daïra dont la disparition constitue une aberration et une atteinte à la mémoire collective », soutiennent-elles. « Nous détenons des documents datés de 2008 établis par des experts agréés par le ministère de la Culture et de l’inspection générale des monuments historiques attestant que l’Hôtel du Sahara aurait pu être restauré et remis en l’état pour un coût n’atteignant pas sa valeur symbolique, architecturale et historique. Nous espérons que les autorités locales prendront en considération nos préoccupations. Quoi qu’il en soit, nous continuerons à agir pour que le reste des constructions anciennes de Biskra, dont une douzaine sont menacées et dans un état piteux comme le Casino, Dar Bengana et le siège de la maison de la culture, soient inscrits au registre du patrimoine national et que des enveloppes budgétaires leurs soient allouées afin de les sauver. En lieu et place de l’Hôtel du Sahara, nous proposons la construction d’une réplique de cette bâtisse pouvant être réalisée par une entreprise nationale spécialisée », a ajouté Mohamed Slimani, président de l’association Mosaïque.
Hafedh Moussaoui
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