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Géopolitique des routes de la drogue : Maroc, un Etat voyou au cœur du narcoterrorisme

Dans une déclaration faite dernièrement à l’Assemblée Nationale, le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, a dressé le bilan des saisies de produits stupéfiants durant l’année 2022. Les chiffres sont effarants : cinq tonnes de résine de cannabis, 22 kilos de cocaïne et sept millions d’unités de cachets psychotropes. Il a désigné, sans ambages, le voisin marocain comme source principale de ce narcoterrorisme mené contre notre pays. Le nombre de complices impliqués dans cette « véritable guerre » s’élève à 97.000 personnes, majoritairement des jeunes. Cette annonce, par son ampleur, a fait l’effet d’une bombe en Algérie.

Malheureusement cette dénonciation risque de passer sous les radars chez nos voisins riverains de la Méditerranée, eux aussi concernés, et ce, pour de basses considérations politiciennes, au détriment de la santé publique et la sécurité des citoyens. En effet, ce décompte alarmant de la lutte acharnée que mènent les autorités algériennes contre le narcoterrorisme, et dont les conséquences ne s’arrêtent pas à ses frontières, révèlent l’ampleur de l’implication incontestable du Maroc dans la diffusion à large échelle des drogues, toutes catégories confondues. Ce pays voisin, un des plus gros producteurs et exportateurs de résine de cannabis (communément appelée haschich ou zatla) au monde, s’est transformé depuis la crise mondiale de la COVID-19 en un véritable hub, une plaque tournante du narcoterrorisme au Maghreb, en Afrique, en Europe et même au Proche-Orient. Malgré les efforts des services de sécurité et la sévérité de la justice, ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur, notamment chez les jeunes, principale composante de la société algérienne, et ce, indépendamment de leur genre ou catégorie socioprofessionnelle. Par sa situation géographique, son ouverture sur l’Atlantique, la Méditerranée, l’Atlas et le Sahara qu’il colonise, le Maroc s’impose comme une incontournable plaque tournante de divers trafics. Êtres humains venus d’Afrique subsaharienne, armes acheminées depuis le Caucase et les Balkans, psychotropes fabriqués en Syrie, au Nigéria ou au Soudan ou encore la cocaïne originaire d’Amérique Latine. Sans compter la production industrielle, signalée sans cesse et condamnée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, de résine de cannabis et qui inonde les marchés européens et africains. Le roi, Mohamed VI, dont les armoiries sont apposées sur les plaquettes de « zatla » les plus « pures », tirerait, selon plusieurs rapports d’ONG, dont Transparency International, le plus gros de sa fortune personnelle qui se chiffre à plusieurs millions de dollars. Les témoignages, recueillis, en 2012, par les journalistes Catherine Graciet et Eric Laurent, bien que contestés par la justice française qui les a condamnés pour « chantage », en disent long sur cette machine à fric dont le chef marionnettiste n’est autre que le roi… défendu à l’époque par un certain Eric Dupond-Moretti, actuel garde des Sceaux, ministre de la Justice de la République Française…

Le Rif, grenier à cannabis du monde

Le long des montagnes du Rif, à l’Est du Royaume, et sur toutes ses hauteurs, est cultivé, en quantités astronomiques, le chanvre en haute teneur en tétrahydrocannabinol (THC), principale molécule psycho-active de cette plante. Celle-ci bénéficie du climat, chaud et ensoleillé à longueur d’année, et d’une bonne irrigation grâce, notamment, aux nombreux barrages érigés par Hassan II, père de l’actuel souverain. Les cultivateurs cueillent les extrémités fleuries des plantes pour les confier aux raffineurs. Ces derniers, de manière très artisanale, les « tapent » pour en extraire les parties les plus chargées en THC puis les tamisent avant de les « presser » pour en faire une résine. Elle est conditionnée sous forme de plaquettes allant de 500 grammes à trois kilos, dites briques, dans des ateliers qui n’ont de clandestin que la réputation. L’existence de cette chaîne de fabrication est un secret de Polichinelle et alimente une économie parallèle, officiellement illégale mais qui fait les choux gras de tous, du simple cultivateur au roi en personne, passant par les corps constitués de l’Etat Chérifien, policiers et douaniers en tête. Ceci n’est un tabou pour personne. Ni en Europe, où l’agence Frontex lutte sans relâche contre les passeurs, ni aux Etats-Unis où l’agence anti-drogue, la DEA, publie régulièrement des rapports sur les activités narcoterroristes du Maroc. Il en est de même pour l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. Cette activité est intimement liée au trafic d’être humains. De futurs réfugiés que le Maroc utilise, sans vergogne, pour faire pression sur son voisin et désormais allié contre-nature du nord, l’Espagne. Les ONG et lanceurs d’alertes concernant le blanchiment d’argent, notamment celui de Mohamed VI en personne, ne cessent depuis plusieurs années de tenter d’attirer l’attention sur cette industrie, en vain. Le lobbyisme du Royaume, sa proximité géopolitique avec les Etats-Unis et certains pays européens lui fournissent un couverture totale. Le scandale récent au sein du parlement européen en est la preuve… ainsi tout meurt et reste dans l’œuf.

Go fast et dos d’ânes

Le cannabis, conditionné en ballots allant de quelques dizaines de kilos à plusieurs tonnes, traverse le détroit de Gibraltar à bord d’embarcations appelées « go fast », qui s’en délestent près des côtes espagnoles de Tarifa ou Algésiras. Il est ensuite « repêché » avant de prendre la route pour l’Europe occidentale à bord de « bolides » ou de camions de marchandises remplis de fruits et légumes produits en Espagne ou au Maroc. Destinations : la France, la Belgique ou les Pays-Bas. Ils sont aussi acheminés vers le voisin portugais par voie terrestre ou maritime. L’autre destination phare, par voie maritime, c’est la Libye. Les ballots de haschisch sont chargés à bord de chalutiers qui croisent en haute mer le long des frontières espagnoles, algériennes, tunisiennes et italiennes avant d’atteindre la Libye où cette drogue, très prisée, est monnayée à prix d’or. Sur ce chemin, et quand l’occasion se présente, des « délestages » se font. La marchandise est alors récupérée par les réseaux algériens, tunisiens ou encore la mafia italienne avant d’atteindre leur destination finale. Le produit réceptionné est « coupé » et mélangé à des substances allant du henné aux excréments de ruminants, notamment les crottes de moutons, peu odorantes. Le ballet incessant des go fast, chalutiers ou embarcations de fortune traversant la Méditerranée, se fait souvent avec des passagers clandestins, maghrébins ou sub-sahariens. Ce qui accroit la rentabilité des traversées. Sachant qu’il faut seulement quinze minutes à un scooter des mers pour aller de Tanger jusqu’aux côtes méridionales de l’Espagne. La deuxième voie est celle des montagnes à travers les frontières terrestres. Malgré la haute vigilance et les efforts des autorités algériennes, les trafiquants arrivent à faire transiter leur poison pour l’écouler, d’ouest en est, dans les villes et les rues du pays. Cette voie est tristement connue pour avoir été le chemin des armes qui ont nourri les maquis terroristes durant la décennie noire en Algérie. Un mythe urbain des années 1990 voulait même que les passages se faisaient, après la décision prise par l’actuel ministre des Affaires étrangères de fermer les frontières terrestres, à dos d’ânes « entraînés » à faire la route de manière autonome.

Colombian connexion

Là aussi, la récolte du Rif ne voyage pas seule. Depuis la crise mondiale de la COVID-19 et la fermeture quasi-totale du trafic aérien, principal moyen de passage de la cocaïne depuis l’Amérique latine et la Caraïbe, ce sont les ports de Casablanca et de Tanger qui sont devenus les principales plaques tournantes de la « blanche ». Pendant longtemps, la drogue était acheminée principalement par des « mules » qui ingèrent des capsules remplies de cocaïne liquide, dans des double-fonds de valises appelés « maletas », ou même imprégnée dans les habits des transporteurs, généralement des personnes vulnérables ou sous la contrainte des cartels. La feuille de coca, cultivée dans la jungle en Colombie, au Pérou ou en Bolivie, est transformée localement par des mélanges avec des produits chimiques hautement nocifs, au Venezuela ou encore au Brésil. La cocaïne, semi-finie, dite « pure », est embarquée dans des containers à bord de navires de marchandises qui traversent l’Atlantique jusqu’au Maroc où ils font une première escale avant de croiser jusqu’en Europe vers les principaux ports de Méditerranée, de la Manche ou encore la Mer du Nord. Ainsi, Casablanca et Tanger, au Maroc, sont devenus des hubs incontournables dans le trafic international de cocaïne. La corruption et la complicité des autorités locales, dénoncées par les ONG, est la clé de voûte de cette nouvelle route de la coke et son introduction massive au Maghreb mais aussi sur tout le continent africain. Par le nord, elle suit, en parallèle, le chemin maritime qui mène jusqu’en Libye, voire en Egypte, en Palestine et au Liban, où la situation est tout aussi alarmante en matière de narcoterrorisme. Ainsi, la « marchandise » embarquée à bord des navires est reçue, déchargée et stockée par des « fixeurs », nom donné aux intermédiaires, dans les deux principaux ports du Maroc. Elle est ensuite acheminée vers des « laboratoires » pour être coupée et mélangée à du bicarbonate de soude, du plâtre ou encore du paracétamol, ou autres analgésiques broyés, avant d’être réexpédiée par la mer vers l’Europe ou par des sentiers « abandonnés » vers l’Algérie et le reste de l’Afrique.

République Sahraouie occupée, un enjeu majeur   

Par le sud, le Maroc profite des territoires occupés de la République Sahraouie, au nord du mur des sables pour faire écouler ces tonnes de drogues, que ce soit le haschisch ou la cocaïne, en Mauritanie, au Sénégal et jusqu’au Nigéria. Là aussi, le trafic d’êtres humains n’est jamais loin… les camions vont vers le sud chargés de drogues et remontent avec des dizaines de futurs réfugiés qui fuient l’insécurité, la misère ou le changement climatique. Tout cela sous l’œil bienveillant du Makhzen et de l’autoproclamé « Commandeur des Croyants », le roi Mohamed VI. C’est ce qui continue à faire grossir sa fortune personnelle qu’il arrive à blanchir en fonds souverains, en partenariats ou à travers des entreprises écran basées dans des paradis fiscaux, de Dubaï à Singapour en passant par les « Républiques bananières » des Caraïbes.

La patte sioniste

Le multilatéralisme de l’activité narcoterroriste du roi du Maroc ne s’arrête pas là. Il y a la troisième et non-négligeable route. Celle dite du sel et qui relie la Corne de l’Afrique à l’Atlantique, via les territoires occupés du Sahara occidental. Là aussi, les drogues se mêlent au trafic d’êtres humains. Embarqués à bord de camions de fortune, des familles entières sont couchées sur des matelas et des oreillers de comprimés psychotropes. Il s’agit principalement de substances pharmaceutiques sur-dosées au décuple. L’on trouve ainsi le « classique » Lyrica boosté à 300 milligrammes mais aussi du Captagon, fabriqué en Syrie ou au Liban ou du Dalmadorm, très répandu au Sahel, en Afrique subsaharienne et centrale. Les cargaisons de drogues et de futurs réfugiés transitent par le Tchad, le Niger et le Mali, sous l’escorte de groupes terroristes armés affiliés à l’Organisation de l’Etat Islamique ou Al Qaïda, avant de remonter vers le Maroc via la République Sahraouie occupée. La politique de l’anéantissement social n’est pas une invention marocaine. Elle est largement inspirée par son nouvel allié : l’entité sioniste. Cette dernière a lancé, outre ses bombes, une guerre contre la bande de Gaza, il y a plus d’une vingtaine d’années, en inondant les Territoires Palestiniens occupés et les camps de réfugiés de substances psychotropes. Le but de cette guerre chimique est d’endormir et anesthésier la jeunesse palestinienne tout en mettant cela, à travers les médias et les réseaux sociaux, sur le dos du Hamas. Le scénario a été longtemps rendu crédible à cause du contexte de tensions politiques entre Ramallah, dominée par le Fatah, parti historique de feu Yasser Arafat et son adversaire et ennemi juré de Gaza, le Hamas…

Y G

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