Le groupement territorial de la Gendarmerie Nationale (GN) d’Annaba effectue, au cours de cette période, des contrôles auprès des agriculteurs de l’oignon, toutes variantes confondues, dans le cadre de la lutte contre la spéculation, la raison principale de la flambée des prix de ce produit. Les éléments de la GN ont dressé des procès-verbaux pour de nombreux fellahs accusés de refuser le lancement des récoltes pour destiner leur produit à la spéculation. Une accusation niée par les concernés, qui affirment qu’il s’agit d’une variété d’oignons secs dont la période de récolte est en mai et juin. Les tribunaux sont appelés à trancher ce dilemme qui reflète le malaise profond que traverse cette filière stratégique. Face à la situation qui caractérise l’offre de l’oignon sur les marchés à travers le territoire national, ainsi que les prix qui y sont affichés, des experts ont donné quelques éléments d’appréciation à même de se fixer sur cette distorsion rarement observée. « Tout d’abord, il y a probablement eu une chute de la production d’oignons durant la campagne agricole 2021/2022, ce qui justifie en apparence, au moins, le degré relatif de rareté de ce légume sur les marchés », expliquent nos interlocuteurs. En second lieu, la spécificité de la production des fruits et légumes en Algérie fait qu’il y a « concentration dans quelques wilayas réputées pour leur niveau élevé de production, alors que la consommation touche l’ensemble du territoire national », ont-ils ajouté. Par ailleurs, il faut savoir que l’oignon sec est susceptible d’être stocké dans des conditions adéquates, contrairement à d’autres légumes très périssables. Cette capacité de stockage confère à l’oignon sec une sorte d’avantage au vu de sa disponibilité régulière pour la consommation. Cependant, la possibilité de stockage peut impliquer une action indirecte sur le niveau des stocks, afin de créer une relative rareté en période de forte demande, et ainsi influer sur le niveau des prix à la consommation. « Heureusement, il y a la disponibilité sur les marchés de l’oignon vert dont les prix sont largement moins élevés que ceux de l’oignon sec, soit cent dinars le kilo. D’ailleurs, c’est sur l’oignon vert que des ménages ont substitué à l’oignon sec », fait remarquer un observateur qui rappelle que le prix d’un produit relève de la loi de l’offre et de la demande. Il soutient que l’ascension des prix à des niveaux inattendus comme le prix de l’oignon frôlant les 300 dinars le kilo est lié essentiellement au caractère anarchique de notre agriculture, secteur où les producteurs ne sont pas organisés autour de plateformes de distribution à l’échelle macro-économique. Il convient de noter que lorsqu’une saison est « perdue » pour un agriculteur ayant investi dans un produit, il ne renouvellera pas la culture de ce produit durant la saison d’après, ce qui concours à créer une pénurie et une hausse des prix. C’est le cas pour l’oignon, dont la récolte a été une perte sèche, surtout que les agriculteurs n’arrivaient pas à écouler leurs produits à dix dinars l’année passée. C’est pourquoi ils n’ont pas renouvelé la culture de l’oignon, pour cette année.
Zarrougui Abdelhak
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