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Relations algéro-françaises : La commission d’Historiens à pied d’œuvre

Huit mois après la signature de l’Accord d’Alger entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, visant à relancer les relations algéro-françaises, la commission mixte d’Historiens a finalement été installée. Elle a tenu sa première réunion le 19 avril passé, annoncent séparément l’Elysée et le Palais d’El-Mouradia. « La Commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire a tenu, hier, sa première réunion par visioconférence, durant laquelle la partie algérienne a présenté une feuille de route conformément aux principes fondamentaux énoncés dans la Déclaration d’Alger signée le 27 août 2022 entre le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, et son homologue français, M. Emmanuel Marcon, et dans la déclaration du Comité intergouvernemental de Haut niveau, tenu à Alger les 9 et 10 octobre 2022 », lit-on dans le communiqué de la présidence algérienne. Durant cette rencontre, « les deux parties ont convenu du traitement de toutes les questions relatives à la période coloniale, la résistance et la glorieuse guerre de Libération », ajoute la même source, précisant qu’elles ont convenu également de « poursuivre la concertation et les contacts pour la mise en place d’un programme d’action futur, et de fixer les prochaines réunions de la Commission mixte ». Du côté français, le co-président de la commission, l’Historien Bejamin Stora, a affirmé que « les débats se sont déroulés dans un climat chaleureux, il n’y a pas eu de désaccords. C’était une mise en mouvement. […] On a déjà fait des colloques entre historiens des deux pays, ce n’est pas quelque chose d’extraordinaire. Ce qui est nouveau, c’est le fait d’être soutenus par les Etats. Il y a une volonté politique de soutenir une initiative qui permettra, peut-être, d’aller à l’histoire sans être prisonnier de la mémoire ». Crée en août 2022, la commission comprend dix historiens, cinq chaque de côté. La première partie à être constituée est celle de l’Algérie. Elle comprend Mohamed El-Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali, Djamel Yahiaoui et Mohamed Lahcen Zeghidi. Ce dernier, ancien directeur du musée national du Moudjahid, à Alger, présidera la délégation algérienne. Côté français, il aura en revanche fallu attendre huit mois pour que la liste soit officialisée, mercredi passé. Aux côtés de Benjamin Stora, figureront Tramor Quemeneur, membre de la commission « Mémoires et vérité » mise en place après la remise du rapport Stora en janvier 2021, chargé de cours à Paris-VIII et coauteur d’un récent Dictionnaire de la guerre d’Algérie (Bouquins), Jacques Frémeaux, professeur des universités à la Sorbonne, Jean-Jacques Jordi, historien et spécialiste des rapatriés, et Florence Hudowicz, conservatrice au Mucem. Le but de la commission est de « mieux se comprendre et réconcilier les mémoires blessées », explique le communiqué de l’Elysée. Lors de leurs échanges, les intervenants ont rappelé l’indépendance de la commission à l’égard des pouvoirs politiques. « On a insisté sur la nécessité de la transmission », souligne Benjamin Stora, cité par le journal français Libération. La question de l’accès aux archives entre les deux pays a également animé le rendez-vous. « Personne ne s’est opposé au fait que les archives devaient être en accès libre, sur toute la période du XIXe siècle », soutient l’historien. Mais les spécialistes avertissent que les travaux de la commission vont prendre du temps. « Ce sont des travaux de longue durée, sur plusieurs années, qui ont eu des effets importants sur la manière qu’ont les uns et les autres d’appréhender l’histoire et les points de crispation », explique l’historien Tramor Quemeneur, cité par la même source.

Akli Ouali

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