Pas moins de 32 médecins, entre spécialistes et maîtres-assistants, issus des Etablissements Publics Hospitaliers (EPH) de Tipaza et Bainem, étaient présents, la semaine passée, à Taoura, pour partager avec leurs collègues locaux de l’EPH une opération de jumelage. Notre journal est entré en contact avec certains d’entre eux qui n’ont pas hésité à interrompre leur activité, pour un court moment, pour nous recevoir. Les trois que nous avons pu interviewer, toutes des femmes, se sont prononcées d’une façon très dramatique sur la situation sanitaire de la population locale. Il faut comprendre par là celle de toute la wilaya, du moment que le staff visiteur est divisé en quatre équipes qui se relayent dans les quatre points dispatchés à travers les principales agglomérations de la wilaya. Sakina Aïssat, spécialiste en pédiatrie, cheffe de service à l’Etablissement Hospitalier Spécialisé (EHS) mère-enfant de Tipaza, secondée dans sa tâche par la maître-assistante Farida Mortalidad du même établissement, s’est dite alarmée par le nombre effarant des cas pathologiques, notamment en diabète et en cancer, chez les enfants au niveau local. Elle devait préciser que pour le cancer particulièrement, ce sont les leucémies qui prédominent. Elle a souligné, par ailleurs, que ce jumelage a également pour objectif la formation continue du personnel médical local qui a besoin d’un recyclage permanent en matière de nouveautés dans les différentes branches médicales. L’endocrinologue et diabétologue Hannêche Harrath, de l’hôpital Bainem, regrette, quant à elle, le déficit en spécialistes de qualité, aussi bien dans le secteur public que privé, pour une prise en charge cliniquement valable des nombreux malades recensés in situ. Elle déplore, d’autre part, l’état inopérationnel chronique des moyens de radiologie, scanner, échographie, et Imagerie par Résonnance Magnétique (IRM) entre autres, qu’elle explique par le manque d’opérateurs qualifiés localement. Le scanner, par exemple, est utilisé seulement une fois par semaine, dit-elle. L’interniste Benaïche affirme, pour sa part, avoir constaté beaucoup de cas de colopathie dont elle qualifie de fâcheux le manque d’exploration au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Taoura, faute d’échographie. A Taoura, où nous avons enregistré l’essentiel de notre travail d’investigation, le nombre de consultations effectuées au terme de notre visite au CHU était de 240. Le directeur de l’établissement, Azouz Haddi Youghourta, a confirmé le manque de consommables pour certains appareils, comme l’échographe. Il a précisé, toutefois, que le scanner est opérationnel 24 heures sur 24. Sauf que, reconnait-il, l’interprétation des résultats est souvent sujette à un retard pouvant dépasser une semaine pour cause de manque de lecteur permanent. Il a signalé que l’établissement qu’il dirige a bénéficié, dans le cadre de ce jumelage qui est à sa quatrième édition, de cinq spécialités, à savoir la pédiatrie, la neurologie, l’endocrinologie, la gynécologie et la médecine interne.
Hamid Fraga
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