« Sans une presse forte, rien n’est possible ». A l’occasion de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse, le président Abdelmadjid Tebboune a rencontré longuement une vingtaine de responsables de médias. Une occasion pour lui de donner sa vision de la presse, de tracer les grandes lignes de la relation entre les autorités et le monde des médias. A une réponse sur la situation des médias dans notre pays, le chef de l’Etat a affirmé que l’institution médiatique était « un outil nécessaire pour tout édifice démocratique et nous avons l’espoir d’édifier une démocratie responsable ». « Sans une presse responsable et professionnelle nous n’irons pas très loin », a-t-il insisté. Il a souligné la nécessité d’avoir de « grandes institutions médiatiques nationales capables de contrecarrer les ennemis de la patrie et de contrer les attaques extérieures contre le pays, car il s’agit d’une école qui forment des générations et contribue à éclairer l’opinion publique ». Mais il a regretté, en même temps, l’absence d’une presse spécialisée qui traite des sujets spécifiques. Face aux nombreuses interpellations des hommes et femmes des médias quant aux problèmes rencontrés sur le terrain, le chef de l’Etat leur a demandé de s’organiser en syndicats de la corporation, comme éditeurs et journalistes. Il a mis en exergue la nécessité de « créer une organisation syndicale forte des journalistes », rappelant avoir « longtemps insisté » sur cette question. Il a également relevé l’importance de créer un organe supérieur de l’éthique professionnelle qui se chargera d’évaluer et de définir des garde-fous pour les journalistes, estimant que cette démarche évitera, à l’avenir, à cette catégorie « toute éventuelle action judiciaire ». Pour cela, il a affirmé sa disposition à « mettre tous les moyens à la disposition des titres de presse nationaux sans exception », mettant en exergue l’importance de la contribution, « responsable et professionnelle », de la presse dans l’accompagnement des acquis réalisés en Algérie. Tout cela, parce que “Sans presse, nous n’irons pas loin ». A condition que cela soit « une presse responsable » et « professionnelle ». Sur le plan politique, Abdelmadjid Tebboune a réitéré son intention de ne pas créer de parti politique. « J’ai préféré compter sur la société civile », a-t-il expliqué tout en rappelant qu’il avait renoncé à sa participation au sein du FLN « mon parti depuis 1969 » pour rester indépendant parce que « je suis convaincu qu’un pays fort ne peut se construire sans une société civile forte ». « Nous avançons à pas sûrs et l’Algérie nouvelle à laquelle nous aspirons, n’est pas liée à l’avenir d’une personne donnée, mais de tout un peuple, et nous œuvrons à réaliser cet objectif en encourageant notre jeunesse à s’engager dans différents domaines de gestion », a-t-il précisé tout en ajoutant que « Nous avions voulu impliquer le plus grand nombre de jeunes dans les précédentes échéances électorales, d’où la présence de nombreux présidents d’assemblées populaires communales et de députés jeunes, ce qui est en phase avec l’évolution effrénée que connait le monde dans divers domaines ». En revanche, le chef de l’Etat a exprimé son regret devant le degré « de haine » atteint par certains activistes politiques dans le pays. Il dit déplorer « le niveau de haine atteint par certains aujourd’hui, même s’ils ne représentent, heureusement, qu’une minorité », ajoutant que « nous œuvrons à faire face à tous les discours de ce genre ». Ce qui ne l’empêche pas de « poursuivre » ses « efforts pour la consolidation du front interne et la lutte contre les conflits marginaux et les discours haineux ».
22 milliards de dollars de biens et avoirs récupérés
Toujours dans le domaine politique, Abdelmadjid Tebboune a rappelé que l’Etat a récupéré l’équivalent de 22 milliards de dollars de biens et avoirs détournés par les anciens oligarques. Selon lui, « le dernier rapport des services des ministères de la Justice et des Finances révèle la récupération de plus de 22 milliards USD de fonds et de biens pillés à l’intérieur du pays et à l’étranger », soulignant que « l’enquête sur les affaires de corruption se poursuit de manière quotidienne et ne se limite pas aux anciens dossiers, mais concerne également de nouvelles affaires ». Assurant que « l’Etat a pu récupérer un volume important de fonds et de biens détournés et le travail se poursuit », le Chef de l’Etat a fait observer que « les résultats des investigations n’ont pas tous été dévoilés, mais l’Etat veille à révéler tout ce qui a été pillé et détourné ». « Les enquêtes ont révélé, à titre d’exemple, que la valeur de l’usine d’Oran récupérée s’élevait à environ 750 millions d’euros », a-t-il indiqué. Dans le domaine de la mémoire, le chef de l’Etat a rappelé qu’il s’agissait pour lui d’une « priorité » sans en être un objet de « marchandage » avec l’ancien colonisateur. Il a indiqué que l’Algérie et la France ont néanmoins « réalisé des avancées significatives » dans certains dossiers puisque les autorités françaises avaient reconnu certains faits. Sur le plan économique, Abdelmadjid Tebboune s’est vanté d’avoir construit une économie forte. Preuve en sont les statistiques et données du FMI et de la Banque mondiale qui « ont encensé » les performances de l’Algérie. Mais il a regretté que des instructions données n’étaient pas suivies d’effet. Il donnera comme exemple l’ouverture des banques algériennes en Afrique et de l’inauguration de la ligne maritime Alger-Dakar pour qui « j’ai bataillé au quotidien » à cause des résistances « au changement » de milieux qu’il n’a pas cités. Malgré cela, les premières agences bancaires algériennes ouvriront leurs portes bientôt à Dakar et à Abidjan, a-t-il promis. Pour la première fois, le président de la République reconnaît que son objectif d’atteindre l’autosuffisance en céréales « ne sera pas possible » à cause de la sécheresse qui sévit actuellement dans le pays.
Akli Ouali
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