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Face aux pressions des  barons de l’importation : L’Etat refuse de plier

« C’est une honte pour l’Algérie d’importer du maïs », avait dénoncé Abdelmadjid Tebboune, très contrarié par le fait que ce produit agricole cultivé au Sud n’arrive pas à trouver des débouchés pour de multiples raisons, dont la plupart sont suspectes. Lors de la rencontre traditionnelle avec des représentants des médias nationaux, qui a coïncidé avec la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai dernier, le président de la République est paru irrité à l’extrême, en citant des agriculteurs qui ont cultivé du maïs à Adrar, mais qui ne sont pas arrivés à le mettre en vente. La situation évoquée par le chef de l’Etat est paradoxale, dans la mesure où l’Algérie continue à dépenser des millions de dollars, qu’elle consacre annuellement à l’importation de ce produit végétal aux vertus nutritives innombrables. « C’est pour importer. Ils leur ont dit, si vous voulez qu’on prenne votre maïs, il faut le ramener à Bougtob sur plus de 1.000 km. Il y avait une mafia de l’importation du maïs », a dénoncé Abdelmadjid Tebboune, exaspéré par de telles pratiques, qui persistent à mener la vie impossible à tous ceux, qui travaillent dur pour contribuer à aider le pays à se défaire des marchés extérieurs, du moins en ce qui concerne une grande partie de ses besoins agricoles. Ce cas n’est pas isolé hélas ! Cette pratique mafieuse au sens littéral du terme touche d’autres produits aussi bien agricoles que manufacturés qu’une certaine catégorie d’importateurs veut absolument contrôler par tous les moyens illicites, non seulement pour préserver ses intérêts privés au dépend de l’intérêt général, mais pour fructifier ses affaires, quitte à exercer un odieux chantage sur leur propre pays, en le vampirisant sans aucun état d’âme. Profitant de la volonté manifeste exprimé par Tayeb Zitouni, ministre du Commerce depuis le 23 mars dernier, à alléger les restrictions à l’importation décidées par son prédécesseur, des barons de l’import ont cru que le moment était venu pour faire monter la pression sur le gouvernement afin qu’il cède le pas, en finissant par abandonner tout ce qu’il avait entrepris en matière de rationalisation des importations. Samedi dernier et en marge d’une rencontre nationale regroupant les cadres de son secteur, le ministre du Commerce a parlé ouvertement d’un « chantage » de ses barons, dont le but est de forcer le gouvernement à lâcher prise, après que celui-ci ait entamé de redresser la barre, en luttant contre le phénomène de surfacturation et les abus de l’importation. Selon lui, certaines hausses des prix ont été engendrées par ce forcing qui ne dit pas son nom. Mais qui sont-ils ces barons, qui tentent par tous les moyens de défier l’Etat ? De quelle sorte de complicité bénéficient-ils au point d’impacter le marché national ? Poursuivant son constat, Tayeb Zitouni s’est indigné également de l’attitude de certains producteurs locaux, qui ont interprété la loi de l’offre et de la demande selon une vision réduite au profit. « Ils ont demandé à être protégés et quand nous l’avons fait, ils ont augmenté les prix », a-t-il désapprouvé. D’autres responsables n’ont pas manqué par ailleurs d’accuser les barons de l’importation d’être derrière les perturbations que connaît le marché national ; des pénuries successives aux prix presque hors d’atteinte de plusieurs produits alimentaires et autres. Cette mafia, il faut bien la qualifier en tant que telle, qui persiste à vouloir empêcher le pays de préserver ses réserves de change, en n’autorisant à l’importation que les marchandises inexistantes sur le marché local ou produites en quantités insuffisantes, est-elle indémontable ? Pourquoi elle ne reconvertit pas une partie des ces activités dans la production et ouvrir des perspectives économiques au pays, puisqu’elle a les moyens pour le faire ? Quoi qu’il en soit, importateurs mafieux et producteurs malintentionnés ne sont plus sans savoir que l’Etat n’est aucunement disposé à retourner à la période des importations tous azimuts de 60 milliards de dollars et plus. La mise en œuvre des restrictions sur les importations, qui est entrain d’être corrigée, a fait baisser la facture globale des importations de biens (38 milliards de dollars et un excédent commercial de 18 milliards de dollars en 2022). Et cette tendance est en voie d’être consolidée par une conception économique rationnelle encourageant la production locale.

Mohamed Mebarki

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