Si le chômage et la précarité sociale favorisent, effectivement, la consommation des psychotropes et de la drogue, d’autres facteurs peuvent également déclencher le phénomène. C’est ce qui ressort du bilan des activités du Centre Intermédiaire de Soins en Addictologie (CISA), tel que présenté en marge de la journée de sensibilisation initiée, jeudi 4 mai, au profit des stagiaires du Centre de Formation Professionnelle et d’Apprentissage (CFPA) Mohamed Sid à Daksi Abdeslem. Ainsi, sur les 1.479 cas suivis par ladite structure, durant l’exercice écoulé, 790 sont des chômeurs. Les autres sont répartis entre travailleurs (556 cas) et étudiants (133 cas). En termes plus clairs, la situation professionnelle peut expliquer la causalité du phénomène de la toxicomanie, mais elle n’est guère suffisante. Et si la tranche d’âge la plus importante des toxicomanes suivis par le CISA se situe entre 26 et 35, avec 671 cas, le chômage est malheureusement déterminant dans le processus de déclenchement de la toxicomanie, affirme Leila Boualem, médecin chef de ce centre spécialisé. Pour preuve, de plus en nombreux sont les chômeurs qui consomment des psychotropes, associés généralement à l’alcool, ou à d’autres produits interdits par la loi, le cannabis entre autres, avance notre interlocutrice. Il est à noter, toujours dans le cadre dudit bilan du CISA, 95 %, voire plus, des cas suivis par l’équipe médicale, sont de sexe masculin. Toujours en termes de chiffres, sur les 425 consultations enregistrées durant le premier trimestre de l’année en cours, 143 nouveaux cas sont suivis par les spécialistes de cette structure relevant, rappelons-le, de l’Etablissement Public de Santé de Proximité (EPSP) Bachir Mentouri. Le sevrage des toxicomanes nécessite beaucoup de moyens et beaucoup de patience, a tenu à rappeler notre vis-à-vis qui n’a pas manqué d’appeler, à ce propos, à multiplier ces centres de soins à travers le territoire de la wilaya. Ses arguments reposent sur les proportions alarmantes qu’a prises le double phénomène au sein de la société, notamment parmi les jeunes. L’implication des médias, des parents, de l’école, de la mosquée et des institutions de l’Etat, entre autres, est plus qu’indispensable, estime Mohcene Chaibi, psychomotricien au sein de ladite structure. Un avis que l’assistante sociale de l’établissement partage également. C’est une urgence qui s’impose, ont-ils tenu à marteler. Le stress au travail, la précarité sociale, l’exiguïté du logement, le chômage… autant de facteurs qui favorisent, à dire vrai, la prise des psychotropes, s’accordent à dire les spécialistes qui ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. D’où la difficulté, voire la complexité de la prise en charge des cas qui consomment, aujourd’hui, des substances très dangereuses, comme la « tchouchna », plus particulièrement. Cette drogue qui fait des ravages à Alger et à Annaba.
M. Kherrab
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