Le 11éme congrès du FLN ressemble un peu à la ligne d’horizon qui s’éloigne à mesure qu’on s’en approche, car une nouvelle fois, l’échéance fixée au mois de mars dernier vient d’être une nouvelle fois renvoyée à une date ultérieure. Profitant de la réunion des Mouhafeds, hier à Alger, Abou El Fadhl Baaâdji a en effet annoncé le report de ce rendez-vous organique « décisif », justifiant la décision par « des considérations logistiques, liées à la restauration, l’hôtellerie et le transport pour l’organisation de l’événement ». La période estivale n’est pas également propice à l’organisation de l’événement, renchérit-il dans la litanie de ses arguments. Sans avancer encore de date alternative, qui est théoriquement une prérogative du Comité central, le patron du FLN assure en revanche que « le prochain congrès du FLN se tiendra sous la direction actuelle » et profite pour glisser quelques messages subliminaux à ses adversaires, et Dieu sait qu’ils sont très nombreux. « Le congrès aura bien lieu, nous sommes actuellement en plein préparation et en phase de synthèses des propositions et recommandations de la base, adoptées au niveau des structures de wilayas et régionales », dit-il cherchant ainsi à montrer qu’il est bien maitre de la situation dans un parti comme le FLN où la discipline interne est souvent mise à mal par des querelles d’égo et de leadership. Nostalgique de l’époque où l’ex parti unique était le number one de la scène politique nationale, Abou El Fadhl Baâdji croit pouvoir souligner « toute la difficulté d’organiser un congrès comme celui du FLN qui est à la fois un événement national et international. Il faut le préparer avec la plus grande sérénité, car il y va de l’image du pays ». « Actuellement, nous assistons à la tenue des congrès de plusieurs courants, le congrès du FLN aura lieu à la fin pour être une sorte de conclusion à toute cette dynamique partisane qui caractérise la scène politique nationale », clame-t-il encore dans une allusion aux récents congrès du MSP et d’El Adala, deux formations du courant islamiste modéré, qui se sont « choisies » deux nouvelles têtes pour les diriger. Pour revenir à l’argument de la logistique, mis en avant par Abou El Fadhl, pour justifier le choix du renvoi, en est-il vraiment la seule raison ? Il est vrai qu’en plein saison estivale, où les gens ont la tête au farniente, il n’est pas de bon ton de « se prendre la tête » avec la politique. Mais avec le FLN tout est politique, à plus forte raison la tenue d’un congrès qui n’est jamais ordinaire, tant ce parti continue d’être un espace de confrontation entre plusieurs courants qui se disputent la direction du parti. Même si Abou El Fadhl Baâdji est parvenu à « pacifier » le parti en mettant en sourdine les querelles intestines, qui font partie de son ADN, il n’est pas dit que ces différents courants consentiront à s’effacer de bonne grâce pour laisser la voie libre à Badji qui souffre d’un déficit de « légitimité historique » aux yeux des ténors du parti ».Alors, logistiques ou politiques, les raisons du report ? Les prochaines semaines apporteront la réponse.
H.Khelifi
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