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Agriculture saharienne : L’enjeu, les ambitions et les revers

Au-delà du fait qu’elle soit déjà considérée comme une priorité par le gouvernement, l’agriculture saharienne s’inscrit avant tout dans une dynamique de développement durable. Engager une politique agricole réfléchie et basée sur des connaissances scientifiques pour transformer radicalement le Sud algérien en véritable grenier de céréales ainsi que d’autres produits agricoles, dans le but d’entrainer toute une région, dont l’image est encore collée aux hydrocarbures et à un degré moindre au tourisme saharien toujours conçu à travers une vision exotique, dans une  véritable « révolution » agraire, est une option stratégique. Intervenant jeudi sur les ondes de la radio national, le ministre de l’Agriculture a évoqué longuement la question de l’agriculture saharienne sans soulever toutefois les spécificités géologiques et météorologiques d’une région, qui a toujours vécu sous le règne d’un système oasien traditionnel, et que l’on veut intégrer dans un système de culture intensive. Mohamed Abdelhafid Henni s’est limité cependant à fournir quelques chiffres, en indiquant que 230.000 hectares ont été mis à la disposition des investisseurs durant l’année 2022. Il a également souligné que durant l’année en cours (2023), 220 000 hectares ont été programmés pour être attribués dans le cadre du programme de l’agriculture saharienne. 450 000 hectares en tout pour l’année dernière et cette année, c’est totalement insignifiant au regard de l’immensité du Sahara algérien ; mais au vu de l’effort consenti par l’Etat, il s’agit d’une dotation très importante. Pourvu que la mise en valeur de cette superficie se fasse conformément aux études récentes, qui n’ont pas cessé de mettre en garde contre la fragilité de l’écosystème saharien. Les plans de cultures élaborés pour cette région, notamment celles stratégiques, comme les céréales et les légumineuses, comme l’a souligné le ministre, sont exigeantes en eau. Certes, le Sud algérien referme l’une des plus grandes réserves en eau douce dans le monde, pour ne pas dire la plus grande. Mais cette exceptionnelle réserve n’est pas renouvelable ! Une réalité que tous les agronomes n’ont pas manqué d’évoquer à de nombreuses reprises. Il est donc nécessaire de prévoir un système d’irrigation approprié, afin de ne pas subir les contrecoups rencontrés par le modèle américain. Mohamed Abdelhafid Henni a assuré qu’une  « forte demande » d’investissement agricole dans le Sud algérien est d’ores et déjà constatée avec plus de 3.000 demandes enregistrées sur la plateforme de l’Office de développement de l’agriculture saharienne, à sa précédente ouverture, entre fin de 2022 et début 2023. Parier sur l’agriculture saharienne parait comme une idée séduisante. Néanmoins gare à l’euphorie qu’elle renvoie, si les investissements ne répondent pas aux critères prenant en compte les particularités d’une région trop longtemps assimilée au gaz, au pétrole et d’autres minerais précieux. Le ministre a insisté sur l’accompagnement de l’Etat. Un accompagnement indispensable au vu de l’enjeu. Abordant l’opération de recensement général de l’agriculture, prévu pour octobre prochain, le ministre a estimé que l’écart de temps entre ce recensement et le dernier du genre, réalisé en 2001, permet d’avoir  « une vision beaucoup plus précise de ce que nous souhaitons entreprendre sur la voie de la sécurité alimentaire ».

Mohamed M

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