Pourquoi l’Algérie est-elle dans le viseur du parlement européen ? Comment expliquer cet acharnement pathologique des eurodéputés contre un pays, dont la réalité leur échappe, et qu’ils s’obstinent par tous les moyens à discréditer à partir de Strasbourg, sans faire le moindre effort pour un jugement sobre et objectif ? La résolution qu’ils ont adoptée le 11 mai dernier, invitant les Etats européens à condamner ouvertement l’Algérie illustre parfaitement leur persistance à vouloir diaboliser un pays, qui refuse de se soumettre à la volonté des groupes d’intérêt économiques occidentaux, dont l’influence sur le parlement européen n’est plus à démontrer. Les eurodéputés, qui appellent indirectement les Etats européens à faire pression sur l’Algérie afin qu’elle accorde « sans retard injustifié, de visas et d’accréditations aux journalistes étrangers et de laisser ces derniers travailler librement », ont-ils perdu toute notion de discernement, ou se sont-ils engagés délibérément dans la voie d’une ingérence qualifiée ? Il y’a un an, jour pour jour avant leur vote du 11 mai, ces mêmes eurodéputés, qui s’agitent fébrilement à propos de la liberté d’expression en Algérie, n’avaient pas daigné lever le petit doigt pour dénoncer l’assassinat de Shireen Abu Aqleh, journaliste palestinienne à Al Jazeera, tuée par un snipper israélien, alors qu’elle effectuait un travail de terrain à Jenine, en Cisjordanie occupée. Pas la moindre expression de compassion à l’égard d’une journaliste, qui ne faisait qu’accomplir sa mission d’information, frappée d’une balle dans la tête. Pas le moindre geste d’humanisme. Où étaient-ils, ces eurodéputés aveuglés par une soumission quasi-totale aux lobbies pro-israéliens ? Le silence qui régna alors à Strasbourg fut assourdissant ! Pourquoi s’empressent-ils maintenant à cibler l’Algérie, sans prendre la peine de connaitre le contexte intérieur algérien ? Ne se souciant guère du bruit provoqué par les casseroles, qu’ils entrainent depuis des années, ils osent se placer dans une position tutélaire aléatoire pour appeler « les délégations de l’UE et les ambassades des Etats membres en Algérie à demander à avoir accès aux journalistes emprisonnés et à pouvoir observer leur procès ». Il va de soi, qu’ils font allusion à un cas précis, dont le procès en appel aura lieu le 21 mai. D’ailleurs, toute cette hypocrisie manifeste n’a absolument rien à voir avec la défense de la liberté d’expression. Elle est le fruit d’une grossière manipulation menée par des cercles dont l’hostilité envers l’Algérie est toujours « brûlante ». Traversé de toutes parts par des influences, le parlement européen est devenu depuis longtemps le lieu privilégié où se concentrent des dizaines de lobbies et de groupes de pressions défendant des intérêts économiques. Cette réalité échappe encore à tous ceux qui ne veulent pas la voir en face. Fortement discrédité par les scandales de corruption mettant en cause plusieurs de ses membres, le parlement européen est-il encore habilité à donner des leçons de droit et de transparence à un pays souverain, dont la résistance gène grandement certains intérêts économiques menacés par les prises de position algériennes ? Provenant d’une institution, qui a fini par trahir la confiance de ses propres électeurs, en s’impliquant dans des questions à l’apparence juste, mais dont le fond n’a pas encore livré son contenu, le vote du parlement européen contre l’Algérie est à inscrire dans cette politique de harcèlement, dont les auteurs évitent de se montrer, préférant mener leur « guerre » par procuration.
Mohamed Mebarki
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