La résolution du Parlement européen, majoritairement adopté jeudi, qui épingle l’Algérie sur les « atteintes à la liberté d’expression », à travers le cas du journaliste El Kadi Ihassane et qui pose aussi la question du libre exercice politique, syndical et associatif, a provoqué un véritable tollé dans le pays. Si la présidence de la République et un degré moindre le ministère des Affaires étrangères, ce dernier pourtant prompt à dégainer habituellement, les réactions de rejet, de dénonciation de l’institution européenne, sur fond de critique quant à l’usage de la carte des droits de l’Homme comme un moyen d’ingérence et de pression, ne cesse de s’exprimer dans les médias. De l’APS, le première à monter au créneau, en passant par les deux chambres du parlement, les partis politiques siégeant au parlement (FLN, RND, El Bina, El Moustakbel, les Indépendants), le Conseil supérieur de la jeunesse, l’UGTA, l’Observatoire nationale de la société civil et même les parlements arabes , africain et islamique, c’est un véritable et large front de rejet qui s’est constitué ces dernières vingt-quatre heures ce qi est qualifié de « fausses allégations qui dénotent d’une volonté inavouée de ternir l’image de l’Algérie ».
Mais au-delà de ces réactions, signe d’une défiance massive des intitulions nationales à l’égard du parlement européen, qui pratique la politique de deux poids et deux mesures sur les droits de l’homme, c’est de se demander aussi si cette résolution, qui tombe comme un cheveu dans la soupe, ne risque pas de peser dans la balance au sujet de la prochaine visite du président Tebboune en France, prévue pour la mi –juin prochain. Il est vrai que le parlement européen est souverain dans ses résolutions, qui ne dépendent pas du bon gré du président Emmanuel Macron de conférer à la relation avec l’Algérie un caractère stratégique, mais il se trouve, en l’occurrence que les députés « Marcheurs » font partie des 536 voix qui ont approuvé la résolution condamnant l’Algérie. On ne connait pas leur nombre exact, mais pour ceux qui ont voté « pour » ils se placent de fait en porte à faux avec la position officielle de leur chef, le président Macron chez qui la volonté de promouvoir l’axe Alger /Paris ne fait pas le moindre doute, même si en France, ce n’est pas toute la classe politique (qui n’est pas monolithique) qui veut d’une relation apaisée avec l’Algérie. En tous cas, des « sources diplomatiques anonymes » citées hier par le site TSA, « les autorités algériennes au plus haut niveau » sont « furieuses », non seulement contre le parlement européen, mais surtout contre les députés macaronistes qui siègent à l’institution de Starasbourg, dans un contexte de réchauffement des relations bilatérales entre Alger et Paris, après la dernière brouille du mois de février, née de l’affaire Amira Bouraoui. Prévue pour la deuxième quinzaine du mois de juin, la visite d’Etat du président Tebboune, à la préparation de laquelle œuvrent depuis des semaines deux pointures politiques (Cherif Rahmani , côté algérien et Jean Pierre Raffarin, côté Français), sera-t-elle impactée par cette torpille traitresse du parlement européen ?
H.Khellifi.
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