L’information a été rapportée par Linéaires, un mensuel français dédié à la grande distribution, avant d’être reprise sitôt après par des médias en ligne algériens. Une des plus grandes enseignes de distribution, Auchan en l’occurrence, serait en voie d’installation en Algérie, suite à un accord de partenariat signé avec une entreprise d’import et d’export algérienne, dénommée Great Way. Selon la même source, un premier hypermarché ouvrira ses portes à Alger avant la fin de l’année, en attendant l’ouverture d’autres hypermarchés au niveau des grandes villes du pays. « Pour poursuivre et accélérer notre développement sur le continent africain, nous engageons un partenariat global avec l’un des acteurs majeurs de la distribution en Algérie », a déclaré le PDG de l’enseigne française au magazine Linéaires. « Notre ambition commune est triple : proposer aux habitants une expérience de courses différentes, leur offrir des produits bons pour la santé comme pour la planète et contribuer, à notre mesure, au développement de l’Algérie en encourageant la création de filières agricoles et la production agroalimentaire locale », a souligné le même responsable. L’entreprise française, dont le chiffre d’affaires avait été évalué à hauteur de 50 milliards d’euros en 2018, est déjà implantée dans plus de 13 pays à travers le monde, dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et la Tunisie, pour ne citer que les pays africains, occupe la 7ème position en France en ce qui concerne la grande distribution, une activité représentant un marché estimé à plus de 190 milliards d’euros rien que dans ce pays. Quels sont les produits qu’elle va commercialiser en Algérie et quels seront les prix qu’elle va afficher dans un contexte national marqué par une forte inflation et une dévaluation continue du dinar ? De l’alimentation à l’habillement en passant par les outils de bricolage, les surgelés et les équipements de décoration entre autres, il est attendu à ce que tous ces produits soient plutôt destinés à une catégorie sociale privilégiée, qui aura ainsi l’occasion de s’approvisionner en produits made in sans avoir besoin de traverser la Méditerranée ! A coup sûr, elle ne va plus se plaindre des restrictions sur l’importation appliquées par le gouvernement dans le but d’éviter la dilapidation des réserves en devises. Mais l’implantation de l’entreprise française en Algérie, surtout si elle étend son activité à d’autres villes comme Annaba, Constantine, Oran ou Sétif, va-t-elle impacter la politique gouvernementale en matière de protection des produits locaux ? Une question comme une autre afin de mieux appréhender l’implantation de ces géants de la grande distribution dans un pays où la plus grande préoccupation de la majorité de la population est de subvenir à ces besoins élémentaires : semoule, huile de table, lait, légumes secs … Quoi qu’il en soit, il est paradoxal de constater que les Algériens sont mieux informés sur l’entreprise française que sur l’entreprise algérienne, qui a décroché ce partenariat. Tayeb Zitouni, le ministre du Commerce, qui a évoqué récemment la question de la transparence commerciale, a annoncé le lancement d’une opération d’envergure afin d’assurer une plus grande visibilité pour son secteur. Cette opération va certainement permettre aux citoyens d’accéder facilement à toutes les informations, qui ne sont pas encore disponibles sur le Net, concernant tous les opérateurs activant dans le secteur du commerce. Un travail de longue haleine attend Tayeb Zitouni.
Mohamed Mebarki
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