À l’occasion d’un conseil de l’exécutif convoqué hier matin, mercredi 17 mai, le wali de Biskra, Lakhdar Seddas, est tombé à bras raccourcis sur certains directeurs centraux. Il les a accusés de faire un travail administratif emprunt de nonchalance, de laisser-aller et de retards inadmissibles entravant le développement local et les activités des investisseurs, des entrepreneurs et des promoteurs immobiliers, a-t-on relevé. Prenant à témoin l’assistance et les chefs d’entreprise, le premier responsable de l’exécutif n’y est pas allé de main morte pour fustiger les responsables locaux de l’Assemblée Populaire Communale (APC), de la direction du Logement, de l’Urbanisme et de la Construction, des Equipements publics, de l’Hydraulique, du Contrôle Technique des Constructions (CTC), des bureaux d’études, de la Jeunesse et des Sports et de la Société de distribution de l’électricité et du gaz (Sonelgaz). Il a lu les lettres de réclamations des concernés et demandé des réponses claires quant aux problèmes soulevés par les investisseurs et les chefs d’entreprise. Certains n’arrivent pas à avoir des permis de lotissement de leurs projets. D’autres pâtissent de la faiblesse du courant électrique et des délais, trop longs à leurs goûts, pour obtenir des permis de construire ou des attestations de conformité à cause d’un fonctionnaire « revanchard et méprisant », ont-ils souligné. D’autres encore, qui ont réalisé des ilots d’habitation, attendent depuis des lustres que des travaux de Voirie et Réseaux Divers (VRD) soient réalisés en application de la réglementation. Mis devant le fait accompli, des directeurs de certains secteurs ont exprimé leurs points de vue et tenté de justifier cette situation par des arguments d’ordre administratif et technique, tandis que d’autres sont restés bouche-bée, a-t-on noté. Rejetant d’un revers de main ce qu’il a considéré n’être que des arguties inacceptables, le wali a menacé d’ester en justice toutes les personnes et les administrations coupables de mettre des bâtons dans les roues des entrepreneurs et des investisseurs. « Je reprouve cette mentalité des administrateurs et des maitres d’œuvre qui paralysent les projets de développement initiés par l’État pour améliorer le cadre de vie des habitants. Je constate que chaque projet est synonyme d’action en terrain miné et que les délais de réalisation sont souvent dépassés à cause des problèmes purement administratifs, mettant à mal la volonté de bien faire des entrepreneurs. Ceux-ci sont le fer de lance du développement. Si on les pousse à arrêter leurs activités et à s’exiler vers des cieux plus cléments, comment fera-t-on pour concrétiser les PDAU, les POS et les PCD (Plans Directeurs d’Aménagement Urbain, Plans d’Occupation des Sols et Plans Communaux de Développement, ndlr) ? Précédemment, nous avons tenu des séances de travail afin de démêler l’écheveau administratif et de trouver des solutions rapides et urgentes pour les entrepreneurs. Mais force est de constater que certains départements de l’administration n’ont pas bougé le petit doigt », a-t-il clamé devant un auditoire médusé. Et d’ajouter : « C’est étrange comment certains se font une République dans leurs têtes et oublient qu’ils sont au service des citoyens et des opérateurs économiques et qu’ils sont chargés d’appliquer la loi et la réglementation dans l’esprit et la lettre. Que celui qui est incapable de mener à bien sa mission parte à la retraite et laisse les gens compétents prendre à bras le corps le développement de notre wilaya. Je connais cette attitude et ces comportements d’Algériens se prenant pour des nababs dans les bureaux et qui ne sortent jamais pour s’enquérir des réalités du terrain. En tant que wali, dois-je me faire contrôleur technique et sillonner les 27 communes pour inspecter la centaine de projets de construction de logements, d’infrastructures sportives, d’établissements scolaires et d’unités industrielles subissant les méfaits de l’administration locale ? ».
Hafedh Moussaoui
Partager :