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Souk-Ahras / Isolement rural : Madaure livré à lui-même

Perché à quelques 920 mètres d’altitude, à un jet de pierre des ruines romano numides du site éponyme, le village de Madaure, dans la wilaya de Souk-Ahras, vit les affres de l’isolement. Les habitants de cette bourgade agropastorale de 800 âmes se débattent dans des problèmes inextricables liés à l’alimentation en eau potable et en électricité et à l’absence d’une piste carrossable menant à leurs terres, auxquels vient s’ajouter celui de la régularisation du foncier. Afin d’attirer l’attention des pouvoirs publics et de celle du wali, en particulier, sur leurs préoccupations, les représentants de ces résidents ont demandé à l’Est Républicain d’en faire l’écho. Abordant, en premier, la question de l’eau qu’il présente comme vitale, Boubakeur Zitoune, l’un des émissaires de la population de Madaure, rappelle que cette localité dispose de six sources datant de l’époque romaine, mais qui sont taries depuis plusieurs mois en raison du déficit pluviométrique et d’un puits très ancien qui vient d’être fermé sur instruction du wali pour des raisons de salubrité publique. « Les services de l’hydraulique ont bien creusé, à proximité, deux forages hydrauliques, l’un de 200 mètres linéaires de profondeur et l’autre de 600 mètres, et érigé deux réservoirs de stockage, dont nous ne profitons pas pleinement, malheureusement, puisque l’eau ne nous est distribuée qu’une heure par semaine », explique M. Zitoune. Celui-ci signale qu’à chaque été, depuis 1996, les ménages sont soumis à des coupures qui peuvent durer jusqu’à huit mois, sans qu’aucune autorité ne s’en inquiète. « L’APC (Assemblée Populaire Communale, ndlr) de M’daourouche, dont nous dépendons, dispose pourtant d’un camion-citerne de 10.000 litres qu’elle pourrait utiliser pour nous alimenter au moins une fois par semaine », relève, non sans amertume, notre interlocuteur. Lorsqu’il évoque le problème du foncier, ce cadre à la retraite assure que la régularisation de ce dossier faciliterait la vie à la plupart des petits fellahs. Ces derniers, une fois en possession d’un acte de propriété et du livret foncier, pourront prétendre à des crédits bancaires et ainsi acquérir le matériel agricole et autres équipements dont ils ont grandement besoin pour améliorer le rendement de leurs parcelles, explique-t-il. « Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, une cité comme Madaure, qui a 23 siècles d’existence, n’est ni cadastrée, ni même intégrée dans le portefeuille des réserves foncières de la commune. Cette situation pénalise lourdement les citoyens qui, de ce fait, ne peuvent prétendre à la régularisation de leur bâti en recourant aux dispositions de la loi 15/08. Pourtant, une autre loi, celle 07/02 du 27 février 2007, portant institution d’une procédure de constatation du droit de propriété et de délivrance de titres de propriété par voie d’enquête foncière, et son article 6, donnent pouvoir au président de l’APC ou au wali d’exécuter les dispositions de cette loi lorsqu’il s’agit de régularisations collectives », suggère encore cet habitant. Poursuivant, le porte-parole des habitants insistera sur la nécessité d’aménager une piste sur le tronçon reliant Madaure au lieu-dit El Gabel et de réaliser un forage à cet endroit, après l’avoir branché à la ligne électrique qui n’est qu’à deux kilomètres tout au plus. « Il sera ensuite loisible aux services concernés de placer des bornes de distribution des eaux venant du barrage hydraulique, qui se trouve en amont des parcelles agricoles, lesquels se prêtent à merveille pour la culture des arbres fruitiers à noyaux, tels que l’olivier, l’abricotier, l’amandier, le pistachier », conclut M. Zitoune.

Ahmed Allia

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