Véritable plaie située dans la partie nord-ouest de la capitale des hauts plateaux sétifiens, le bidonville de Chouf Lekdad prend de l’ampleur de jour en jour. Les constructions illicites poussent comme des champignons, au grand dam des véritables nécessiteux de la ville de Sétif et des autorités. Celles-ci ont, faut-il le rappeler, pris à bras le corps la question de l’habitat précaire et le relogement de centaines, pour ne pas dire de milliers, de familles. N’ayant ni foi, ni loi, un réseau de trafiquants bénéficiant de complicités se permet le luxe de ”livrer” des bouts de terrain à des gens venant des régions et wilayas limitrophes contre une somme d’argent de plus de quarante millions, nous dit-on. Ne restant pas de marbre face à un tel exode et un trafic ne disant pas son nom, les autorités de la wilaya de Sétif, ne pouvant répondre aux demandes de citoyens venus d’ailleurs, prennent les choses en main. Elles ont lancé, le week-end passé, une nouvelle opération de recensement. Cette action de grande envergure a été pilotée par 19 chefs de daïra et une armada d’agents aidés et appuyés par un important cordon de sécurité veillant au grain. Se basant sur les données des dernières années, les recenseurs ont, le moins que l’on puisse dire, passé ce point noir de Chouf Lekdad au peigne fin, loin de la presse, tenue une nouvelle fois à l’écart. Pour seule information, la commune de Sétif se contente, comme à l’accoutumée, d’un laconique communiquée. “Lancée dans la discrétion totale, l’opération décidée par le wali et qui a promis d’ouvrir le dossier de Chouk Lekdad a été chapeautée par 19 chefs de daïra de toute la wilaya. Chacun d’eux a pris en charge un secteur. L’enquête et le recensement nous ont permis de découvrir un tas de choses. Par rapport au recensement de 2018, l’écart dépasserait les 2.000 familles venues agrandir ce point noir. Issues des wilayas limitrophes, principalement M’sila et Bordj Bou Arreridj, des familles se sont installées illégalement en ces lieux. Organisée et très bien préparée, l’opération nous a permis d’obtenir des résultats et d’atteindre les objectifs tracés par les autorités locales, à leur tète le wali qui a piloté ses différentes étapes. Le travail sur terrain sera suivi par le recoupement des informations recueillies”, révèle à L’Est Républicain Hani Boudjemline, vice-président à la commune de Sétif. L’effet de surprise a permis à l’opération d’atteindre les objectifs fixés par les autorités locales, décidées plus que jamais à combattre les trafiquants de l’ombre, lesquels profitent de la détresse des plus vulnérables à la recherche d’un toit pour s’enrichir. Pour le citoyen lambda, l’opération est intervenue au bon moment : “Ce bidonville est une véritable plaie au cœur de la cité. Son éradication ne ferait que du bien à la collectivité. Le moment est venu pour démasquer et sanctionner sévèrement les tireurs de ficelles, principaux géniteurs d’une telle anarchie urbanistique. Il faudrait penser à la numérisation du fichier logement dans ses différents segments. La numérisation est le moyen idoine pour en finir avec les trafics et dépassements”, nous diront de nombreux Sétifiens, pour lesquels l’Etat de droit est en droit de reprendre ses droits…
A. Bendahmane
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