La Tunisie est-elle réellement au bord de l’effondrement économique comme l’attestent les nombreuses alertes provenant de l’Union européenne ? Les craintes exprimées par Bruxelles quant au risque d’un déferlement de migrants tunisiens sur le Vieux continent sont-elles vraiment fondées ou s’inscrivent-elles dans le cadre d’un odieux chantage, qui ne dit pas son nom, destiné à faire pression sur un pays, dont le rapprochement avec l’Algérie contrarie certains plans ? Certes, la situation en Tunisie est très difficile, mais pas « dangereuse » comme l’avait déjà affirmé Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne. Pourquoi les négociations entamées avec le Fonds monétaire international patinent et n’ont pas encore été finalisées ? Qui veut éloigner la Tunisie de l’Algérie ? Toutes ces questions s’imposent, vu que le monde de la finance internationale est indissociable des stratégies politiques définies par les grandes puissances occidentales. Le prêt de 1,9 milliard de dollars qu’a sollicité la Tunisie du FMI est insignifiant par rapport à ce qu’a reçu l’Ukraine en quelques mois. La comparaison entre les deux cas traduit on ne peut mieux la connexion les institutions financières internationales et les questions géopolitiques imposées par les Américains notamment. Une analyse américaine publiée il y’a deux semaines à Washington recommande aux décideurs de la Maison Blanche d’engager des discussions avec l‘Algérie en rapport avec la situation prévalant actuellement en Tunisie. Pourquoi tout cet intérêt pour l’Algérie ? Est-ce pour la dissuader de rejoindre le BRICS ? L’Algérie, qui a accordé un prêt de 200 millions de dollars avec un faible taux d’intérêt à la Tunisie, accompagné d’un don de 100 millions de dollars, ajoutés à un autre prêt référentiel de 300 millions de dollars en décembre 2021, avait affirmé à plusieurs reprises, par la voix de son président et de son Premier ministre, son soutien inconditionnel à son voisin. Elle avait exprimé son intention d’agir en faveur de la Tunisie dans le cadre de ses négociations avec le FMI ; et cela en vertu des relations historiques liant les deux pays. En affirmant lors d’une interview accordée à la chaîne TV Al Jazeera que « la Tunisie fait face à un complot », Abdelmadjid Tebboune a voulu surtout alerter sur les nombreuses tentatives visant à amener ce pays à se plier au diktat de certaines puissances occidentales, notamment des Etats membres de l’Union européenne. Depuis quelques temps déjà, des médias européens, particulièrement français, voient dans ce qu’ils appellent la « générosité du pouvoir algérien » la « recherche d’une contrepartie politique ». Le magazine « Jeune Afrique » est le premier à souffler sur le brasier, en insinuant que l’Algérie « nourrit des intentions politiques », et en occultant les relations historiques liant les deux Etats et les deux peuples. Quoi qu’il en soit, Abdelmadjid Tebboune s’est engagé personnellement à ne pas abandonner la Tunisie. Quand bien même cet engagement aurait été interprété comme une tentative de vassalisation, l’Algérie ne pourrait pas se permettre de voir la Tunisie s’écrouler sans rien faire. Et ça n’a absolument rien à voir avec la politique !
Mohamed Mebarki
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