Les pluies diluviennes, qui se sont abattues sur plusieurs wilayas du pays, ont provoqué des dégâts considérables. Il y’a eu même des pertes humaines : la fillette de 7 ans emportée par les eaux en furie d’un oued en crue dans la wilaya de Guelma ; et le garçon de 10 écrasé sous les décombres d’un mur qui s’est effondré dans une commune de la wilaya de Tipasa. En une semaine, les pluies torrentielles ont mis à nu la vulnérabilité de l’ensemble des réaménagements urbanistiques et infrastructurelles de toutes les localités touchées par les averses. Comme elles ont mis a nu également de nombreuses contrefaçons et l’absence d’entretien dont souffrent les routes, les établissements scolaires ainsi que d’autres réalisations pour lesquelles l’Etat a dépensé des milliards. Dans certains cas, c’est malheureusement l’imprévoyance et le laisser-aller, qui en sont la cause directe. Pourtant, tout le monde a été avisé à temps par les services de la météo. Si le citoyen a certes une part de responsabilité, surtout en ce qui concerne l’état des avaloirs, c’est carrément la négligence et l’attitude figée des P/APC qui doit être soulevée aujourd’hui. Que font-ils, quel est leur rôle ? Lors du Conseil des ministres, tenu hier sous la présidence de Tebboune, les conséquences des récentes inondations, qui ont touché plusieurs régions du pays, ont été au centre des préoccupations. Mais ne faut-il pas admettre que la responsabilité est à situer au niveau local ? Avant-hier, le ministre de l’Agriculture a exprimé publiquement son irritation devant l’absence d’informations concernant les fluctuations météorologiques, parce que ses services décentralisés n’ont pas jugé utile des rapports mis à jour relatifs à l’impact de ses pluies sur le secteur agricole. Il a reconnu avoir consulté les informations publiées sur les réseaux sociaux ! Où est la communication officielle ? Cette situation est particulièrement problématique. Hier, le ministère de l’Intérieur a diffusé une alerte de niveau 2. D’après le bulletin émis par l’Office national de la météorologie, les wilayas concernées sont celles du Centre et de l’Est du pays. Les autorités locales sont donc appelées à prendre les mesures qui s’imposent afin d’éviter le pire. Les pluies de mai ont également été bénéfiques puisqu’elles ont été d’un apport appréciable aux barrages. Elles vont permettre la restauration de la couverture végétale. En gros, les fortes précipitations enregistrées offrent de bonnes perspectives pour les cultures maraichères. Pourvu que la situation n’échappe pas au contrôle, notamment au niveau des régions vulnérables, exposées aux inondations, qui, chaque année, provoque des dégâts matériels et des drames aussi. Pour rappel, en septembre 2018, un déluge de 40 minutes a suffi pour mettre à nu, le grand écart qui sépare les discours de la réalité à Constantine. La réalité sombre d’une ville et d’une wilaya sinistrée, qui ne semblent pas avoir bénéficié d’un budget plus élevé que celui du Togo ou de la Mauritanie, du temps d’Abdelmalek Boudiaf. En moins d’une heure, la météo a fini par dévoiler toutes les tares d’une wilaya plombée par l’incompétence.
Mohamed Mebarki
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