« L’Endormi » à l’Institut Français d’Algérie à Annaba : Quand le théâtre rencontre le rap

L’Institut Français d’Algérie (IFA) à Annaba a accueilli, dimanche 28 mai, le spectacle « L’Endormi » de la compagnie « Hippolyte a mal au cœur ». Cette création originale, mêlant musique, théâtre et rap, est interprétée par les artistes aux multiples talents, Marc Nammour et Valentin Durup. « Ce spectacle s’inspire d’un fait réel survenu en 2017 dans le onzième arrondissement de Paris, où un adolescent d’à peine quinze ans a été poignardé juste en bas de l’immeuble de Sylvain Levey, l’auteur de cette pièce. C’était un événement bouleversant, qui a été relayé et repris dans les médias », nous explique Marc Nammour, comédien et rappeur. Dans l’Endormi, tout le monde est à la fois responsable et victime des circonstances, de la haine, de la passion et de la rue, y compris l’antagoniste qui a poignardé Isaac, la victime tombée dans un coma, pour se venger d’un affront que cette dernière avait commis. Victoire, la jeune sœur d’Isaac, interprétée par Marc Nammour, tente de trouver une explication à cette tragédie en mettant la faute sur une pomme. Une pomme tombée sur le chemin d’Isaac, qu’il a heurtée sans réfléchir, touchant ainsi une jeune fille dont le frère, sentant sa fierté bafouée par Isaac, s’est vengé plus tard en le poignardant, le plongeant dans un coma profond, avant de se rendre aux autorités plus tard dans la soirée. Dans cette œuvre, la pomme représente un concours de circonstances, le facteur X, l’imprévu et l’inconnu. C’est le cas de trop nombreux jeunes sans perspectives d’avenir qui grandissent dans des quartiers défavorisés. « Nous avons voulu créer quelque chose qui s’adresse à un large public, tant aux jeunes qu’aux adultes, en racontant une histoire de tous les jours, en y mêlant du rap et en exprimant quelque chose qui vient du cœur », nous explique Marc Nammour. Rappeur et talentueux comédien d’origine libanaise, Marc Nammour, tout comme la plupart de ses collègues dans ce spectacle, a vécu dans les cités et comprend les circonstances et les difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes laissés pour compte, qui se sentent marginalisés et abandonnés par le reste du monde. Donner l’exemple, ne pas se laisser abattre et faire de son mieux, voilà également ce qu’incarne L’Endormi.

Soufiane Sadouki