Le ministre français de l’Action et des Comptes publics, Gabriel Attal, s’est fendu cette semaine d’une double sortie médiatique sur quotidien Le Parisien d’abord, puis sur la chaine info BFM pour annoncer le projet de son Gouvernement de lutter contre ce qu’il appelle « les fraudes sociales » qui causeraient au Trésor français un manque à gagner entre sept et huit millions d’euros, chaque année. Il se trouve que cette annonce, qui se veut au demeurant comme un appel du pied à l’extrême droite, va inévitablement faire des victimes collatérales qui ne sont autres que les retraités algériens qui sont rentrés au pays pour y percevoir en euros, envoyés par voie bancaire, leur pension de retraite. L’entrée en application de cette mesure, non seulement elle les obligera à rester plus longtemps sur le territoire français afin d’être contraints de dépenser sur place leurs maigres pensions, au lieu de la recevoir en Algérie, mais aussi les transferts, en dehors des émigrés communautaires (UE) seront purement et simplement supprimés pour les « chibanis » maghrébins, dont les Algériens composent la majorité. Une autre mesure dans le cadre de ce dispositif de lutte contre les fraudes sociales portera sur la mise en place des dispositifs de contrôle des retraités résidant dans des pays étrangers avec lesquels la France n’a pas d’échange automatique d’état civil. Ils sont quelque chose comme 1,2 million dont plus de la moitié sont dans des pays européens, des Italiens, des Portugais, des Espagnoles, des Polonais et « quand ils sont décédés on est automatiquement informé et on peut alors procéder à la suspension automatique de leur retraite », explique le ministre Français. Ce dernier fait savoir que le problème en l’occurrence se pose avec les retraités vivant en dehors de l’Union européenne, c’est-à-dire en Afrique du nord, notamment en Algérie, où il est difficile de vérifier l’authenticité des certificats de vie envoyés à la Caisse national de vieillesse (CNAV). En septembre 2022, deux agents de la CNAV ont été envoyés en mission de contrôle au consultât français d’Alger pour enquêter sur ce qu’il appelle « les faux certificats de vie ». Et à en croire Gabriel Attal, sur les 1.000 retraités centenaires convoqués, ou s’approchant de cet âge, 30%, soit 300 personnes étaient « en situation de non-conformité », en fait un euphémisme pour dire qu’ils continuaient à percevoir leurs pensions, alors qu’ils sont décédés. Si l’Etat français est en droit de lutter contre ce qu’il considère comme de « fraudes sociales », il ne peut en revanche en faire une arme de stigmatisation contre les retraités algériens qui perçoivent de pensions dérisoires, pour ne pas dire infamantes, en comparaison de celles de leurs camarades français et pour le même travail. C’est du devoir du ministre algériens des Affaires étrangère et de la communauté nationale à l’étranger de se faire, via notre représentation diplomatique en France le défenseur des droits de nos compatriotes retraités, lesquels ne doivent en aucun cas servir de monnaie d’échange entre le Gouvernement d’Emmanuel Macron et l’extrême droite, connue pour faire de l’émigration la source de tous les malheurs de la France.
H.Khellifi
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