Bien que les services de l’agriculture de la wilaya aient déjà prévu des points de vente pour les moutons du sacrifice de l’Aïd, parmi lesquels les trois plus importants sont situés à El-Hadjar et El Bouni, il n’en reste pas moins que les localités de Kherraza, d’Oued-Zied et de Hadjar Eddis, constituent le triangle des « maquignons » du week-end. En effet, à quatre semaines de la fête sacrée d’Aïd al-Adha, des milliers de têtes commencent à transiter par les réseaux de ces marchands spécialisés, actifs dans ces régions depuis plus d’une décennie. Pour les riverains, ces « businessmen du kebch al Aïd » qui n’apparaissent qu’à chaque évènement, sont derrière la cherté des prix des moutons. Ces « parasites » agissent en tant qu’intermédiaires entre les éleveurs et les clients, appelés à sacrifier au rituel de la « dahia ». En général, ils ne connaissent de la race ovine que le nom et sont souvent éloignés des habitudes et du comportement des bergers et des vrais marchands qui vivent pour et par les moutons. L’approche d’Aïd al-Adha est synonyme, chaque année à Annaba, d’une fièvre autour des moutons, alimentée par des spéculateurs qui se font passer pour des « maquignons du vendredi ». Sur les marchés aux bestiaux réguliers ou improvisés à la veille de chaque Aïd, ces marchands du week-end sont trois fois plus nombreux que les professionnels et imposent souvent leur loi. Selon beaucoup, ils se distinguent par leur tenue vestimentaire et leur comportement. Cette pratique occasionnelle et limitée dans le temps du « trabendiste » est devenue presque courante et tend à se généraliser. Il suffit d’une somme rondelette de quelques dizaines de milliers de dinars et de la location d’un garage pour accueillir une ou deux douzaines de moutons, et le « business » est en place. Alors qu’Aïd al-Adha approche à grand pas, le prix des moutons dans les points de vente déjà en activité est loin d’être accessible pour de nombreuses familles. La course au mouton est bel et bien lancée à Annaba, où le prix du mouton, voire de l’agneau, est souvent hors de portée des petites et moyennes bourses. Pour les salariés, l’acquisition d’un mouton « décent » serait même à éviter…
B. Salah-Eddine
Partager :