Le patrimoine historique de la révolution d’El Mokrani (1871), sis sur le territoire de la commune de Khémissa, dans la wilaya de Souk-Ahras, est en train de se dégrader d’année en année, notamment la source d’eau située à la localité de Guettar, dont la création remonte à l’année 1860, nous a confié l’historien et universitaire Djamel Ouarti. C’est à partir de cette localité qu’a été déclenchée cette révolution à l’est du pays, en même temps qu’à Beni Mansour, à l’ouest, en passant par Cherchell, au centre, et à Ouargla, au sud, a-t-il précisé. L’insurrection a débuté le 23 janvier 1871, suite au refus du régiment de Spahis, corps de la cavalerie algérienne de l’armée française, implanté sur les lieux, de participer à la guerre contre les Prussiens de 1870-1871, a-t-il souligné. Et d’ajouter qu’après la défaite de Sedan de l’armée française sous la conduite de Napoléon III qui a été alors fait prisonnier, deux événements qui ont précipité la chute de l’empire et permis par conséquent l’avènement de la République, le 4 septembre 1870, le gouvernement militaire français n’était plus en possession d’un arsenal de guerre conventionnel, que ce soit du point de vue commandement, troupes ou logistique, pour se permettre de reprendre les hostilités avec l’ennemi. C’est pourquoi, il a décidé de faire appel aux unités de Spahis dont le régiment était installé à Guettar. Ces unités, n’ayant pas daigné adhérer à cette démarche de leurs chefs, ont dû quitter carrément la caserne pour se réfugier à la ferme Moussa. Les combattants de la tribu des Hanencha les ont rejoints avec leurs chefs El Kablouti Ben Tahar Ben Rezgui et Ahmed Salah Ben Rezgui, entraînant dans ce mouvement la tribu des Aouaïds et l’ensemble des douars du cercle militaire de Souk-Ahras, a poursuivi notre interlocuteur. Ladite révolution, qui a duré de janvier à septembre 1871, a eu, toutefois, des résultats très malheureux pour les habitants de cette localité. Des peines de mort ont été prononcées contre deux combattants, six autres ont été forcés à l’exil à Ain Kébira, dans la wilaya de Sétif, et quinze autres encore ont fait l’objet de déportation en Nouvelle Calédonie et quatorze familles en Tunisie, a-t-il expliqué. La totalité des récoltes agricoles de toute la communauté musulmane de la zone a été détruite, a conclu l’historien, non sans déplorer que des vestiges aussi importants qui attestent d’une page de notre riche passé historique soient aussi indifféremment livrés à l’abandon.
H. F.
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