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Pour sauver sa palmeraie et protéger ses enfants : Une femme lutte contre vents et marées à Biskra

Âgée de quarante ans et veuve depuis 2019, Zina Zitouni est une femme que le sort n’a pas ménagé. Par la force des choses et avec une volonté antithétique aux valeurs traditionnelles de « la masculinité » requise dans les métiers de la terre, elle est devenue, en dépit de toutes les difficultés, une agricultrice et productrice de dattes « comme me l’a prescrit le destin », raconte-t-elle. En effet, ce n’est pas rien pour qui connait l’environnement machiste et rude caractérisant le monde agricole dans la région des Ziban. Située à Ain Bennaoui, dans la commune d’El Hadjeb, à sept kilomètres au sud-ouest de Biskra, sa palmeraie de 150 stipes est parfaitement entretenue et dénote d’un suivi permanent, bien que quelques palmiers montrent des signes de soif. Cette mère de deux enfants, une fille de 19 ans et un garçon de 15 ans, se démène du mieux qu’elle peut, précise-t-elle, pour sauver cette exploitation agricole héritée de son défunt époux. Originaire d’une région septentrionale du pays, elle n’aurait jamais pensé se retrouver dans une telle situation. « Après la mort du père de mes enfants, j’ai appris à tout faire dans la palmeraie. Je travaille du soir au matin pour que ces palmiers ne meurent pas et continuent de croitre et de produire. Cela aurait plu à mon défunt époux et c’est le seul bien de nos enfants. L’âme de cet homme bon et courageux qui vénérait ses palmiers plane encore au dessus des palmes. Les images de lui s’agrippant aux stipes pour y grimper, irrigant les planches, désherbant les abords et sa joie le jour de la récolte son gravées dans ma mémoire. Heureusement, des voisins et des fellahs de ma belle-famille m’aident. Mais cela ne peut durer éternellement. Je comprendrait leur lassitude », a-t-elle confié. Avec ses enfants, elle vit dans une modeste maison, aux murs décrépis, érigée dans les années 1970 près de ses palmiers qu’elle surveille « comme la prunelle de mes yeux », glisse-t-elle avec une admirable détermination semblant inoxydable. Désormais, elle en sait plus sur les pratiques culturales du palmier-dattier que bien des natifs, a-t-on constaté. Mais la vie lui a réservé bien des surprises et des déconvenues. Il est vrai qu’en ces contrées, l’existence d’une femme esseulée est loin d’être une longue saguia tranquille, comme on dit. Loin s’en faut. Aujourd’hui, cette dame est désespérée par le tarissement des puits environnants et l’assèchement de l’Oued Ain Bennaoui, mitoyen de sa parcelle agricole. Depuis des mois, elle manque cruellement d’eau pour irriguer ses palmiers. Cette crise hydrique la fait sortir de ses gonds et la met dans un état de déprime sans commune mesure. La dernière averse intempestive qui a inondé la région n’arrive même pas à lui mettre du baume au cœur. Elle sait que l’été sera torride cette année. Ses dattes ne résisteront pas sans eau jusqu’à la fin du mois de septembre. De plus, elle ne sait même pas à qui s’adresser pour signaler ce gros inconvénient du manque d’eau, hypothéquant sa prochaine récolte de dattes. C’est qu’elle fonde sur celle-ci des espoirs de pouvoir enfin équilibrer ses comptes, s’acquitter de ses dettes et acquérir du matériel et des intrants agricoles et des babioles pour ses enfants. « Ça me ferait profondément mal de vendre cette terre et de repartir vers le nord. Je veux continuer le rêve de mon mari. Je veux juste de l’eau pour sauver mes palmiers. Y’a-t-il des âmes charitables de la communauté agraire ou des autorités locales en charge du secteur de l’agriculteur qui pourraient me prêter main-forte pour creuser un puits ? », s’interrogera-t-elle. A noter que le samedi 27 mai, le wali de Biskra, Lakhdar Seddas, a rendu visite aux fellahs de Ain Bennaoui. Il s’est longuement entretenu avec leurs représentants. Ces agriculteurs, qui sont pour la plupart des phoeniciculteurs, ont pu exposer l’ampleur des difficultés et des embûches de toutes sortes qu’ils endurent au quotidien à cause de la sécheresse. Il leur a promis que des solutions seront vite proposées pour sécuriser l’alimentation en eau d’irrigation des palmeraies d’El Hadjeb. Cette nouvelle a réjoui et enchanté Zina Zitouni qui espère en son for intérieur qu’elle fera partie des bénéficiaires de ce projet.                    

                               

Hafedh Moussaoui    

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