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Appel à la remise en cause des accords de 1968 : Un timing pas innocent

Pourquoi la droite française, ou du moins une partie, veut-elle revenir maintenant sur l’accord de 1968 relatif à l’immigration ? Pour Xavier Driencourt, qui a été ambassadeur de France en Algérie de 2008 à 2012 puis entre 2017 et 2020, c’est le seul moyen de forcer les pouvoirs publics en Algérie à reprendre leurs ressortissants entrés ou restés en France illégalement, visés par la mesure d’expulsion appelée l’Obligation de quitter le territoire français (OQTF). En tout cas, c’est ce que l’ancien diplomate déclare publiquement, mais est-ce vraiment sa seule et unique motivation ? Ce qu’il a exprimé à titre personnel ( !) en apparence, vient d’être repris par Edouard Philippe, ancien Premier ministre de 2017 à 2020 en des termes, qui tirent leur essence de l’idéologie prônée par l’extrême-droite. Tout en admettant malgré lui qu’ « il y’a des relations historiques extrêmement puissantes entre la France et l’Algérie », il estime que « le maintien aujourd’hui d’un tel dispositif avec un pays avec lequel nous entretenons des relations compliquées ne me paraît plus justifié ». La démarche n’est pas anodine. Elle ne ressemble pas non plus à des actes isolés, après que le président du sénat leur ait emboîté le pas. Gérard Larcher, membre du parti Les Républicains, une formation politique fondée par Nicolas Sarkozy, conclue que « 55 ans après, les conditions ont changé ». « Je pense que ce traité, le faut le réexaminer », estime-t-il, parce que selon lui, l’accord en question constitue une « discrimination » entre l’Algérie et les autres pays d’immigration. Mais pourquoi tout ce remue-ménage autour d’un accord « aboli » de fait depuis des décennies, qui n’a nul besoin d’être remis en cause pour la simple raisons que ses clauses ont été battues en brèche par des mesures migratoires restrictives prises lors des différents mandats présidentiels depuis le début des années 1990 ? C’est bien la France qui a initié l’embargo isolant l’Algérie alors qu’elle venait de s’enliser dans une grave crise sécuritaire. L’épisode du détournement de l’Airbus Air France a constitué une prétexte pour que la France durcisse sa politique migratoire concernant les Algériens. Pour un simple visa touristique, ces derniers étaient obligés de s’adresser par écrit à un service installé à Nantes. En quoi les Algériens sont-ls donc avantagés par rapport aux autres nationalités, alors qu’ils sont les premiers à se voir refuser le visa d’entrée en France ? Les restrictions sur les visas décidés par la France ont fini par annuler de facto un accord conçu initialement pour approvisionner ses chantiers en main d’œuvre pendant une période, qui a pris fin avant le début des années 1980. Alors que cache cette levée de boucliers contre un accord, qui ne résista pas longtemps aux bouleversements politiques ? Il a déjà fait l’objet de trois révisions, qui n’étaient d’ailleurs pas nécessaires, puisque ses clauses ont été prises dans l’engrenage du conflit mémoriel et ses répercussions sur des relations algéro-françaises que les nostalgiques de l’Algérie française voudraient influencer selon leur vision revancharde. Pourquoi un tel débat au moment où la visite en France d’Abdelmadjid Tebboune est tours d’actualité ? Qui a intérêt à polluer le climat entre les deux pays ? Ceux qui se sont déjà lancés dans une campagne présidentielle avant l’heure et à leur tête Edouard Philippe en savent quelque chose. La question de l’immigration en France a toujours suscité des débats passionnels, principalement lorsqu’il s’agit des Algériens. Si elle au centre de l’actualité aujourd’hui, ce n’est ni un concours de circonstances, ni le fait d’un hasard ; mais un scénario concerté au niveau des états-majors parisiens pour tenter une diversion dans le but de détourner l’opinion française de ses préoccupations majeures : la loi sur la retraite entre autres. Pour cela, il fallait emprunter les thèmes favoris de l’extrême-droite.

Mohamed Mebarki

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