Le procureur de la République près le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed d’Alger a demandé de lourde peine de prison contre l’ancien Premier ministre, Noureddine Bedoui et l’ex-ministre de la santé, Abdelmalek Boudiaf. Intervenant, hier, à l’issue de l’audition par le juge des 40 prévenus dans l’affaire dite de l’aérogare de Constantine, le représentant du parquet a requis, en effet, huit ans de prison ferme à l’encontre de ces deux membres dans les gouvernements de l’ancien président déchu, Abdelaziz Bouteflika, jugés en qualité d’anciens walis de la wilaya de Constantine. Le procureur a également réclamé 1 millions d’amende pour chacun des deux accusés, poursuivis, rappelons-le, « abus de fonction », «dilapidation de deniers publics » et « octroi d’indus privilèges ». Le parquet a requis également cinq ans de réclusion et 1 million de dinars contre Tahar Sekrane, jugé lui aussi en sa qualité d’ancien wali de Constantine. Pour le reste des prévenus, le procureur a demandé des peines de 3 à 5 ans de prison. Ouvert mercredi dernier, après deux reports, le procès se poursuit avec l’intervention des avocats des chacune des parties concernées. Avant la suspension de la séance, jeudi dernier, les représentants des parties civiles ont présenté leurs demandes. Ainsi, le représentant de la wilaya de Constantine s’est contenté de demander de préserver les droits de la wilaya, alors que le représentant juridique de l’entreprise de gestion des aéroports EGSA a réclamé une amende de 40 millions de dinars. Le Trésor public, pour sa part, a demandé aux prévenus de verser la somme de 3 200 milliards de centimes au titre de dommages et intérêts, soit plus de 10 fois le montant global du projet. Pour rappel, le coût de réalisation initial était de l’ordre de 441 millions de dinars et le coût final, après plusieurs réévaluations, était de l’ordre de 3,15 milliards de dinars (3 150 milliards de centimes). Durant les auditions, les prévenus, ont rejeté toutes les accusations, à savoir « abus de fonction », « dilapidation de deniers publics » et « octroi d’indus privilèges ». Tahar Sekrane, Abdelmalek Boudiaf et Noureddine Bedoui ont fait de longs exposés sur l’organisation et le fonctionnement de l’administration algérienne pour écarter toute responsabilité individuelle dans l’énorme retard accusé dans la livraison du projet, estimé à plus de 6 ans, et les conséquentes réévaluations qui ont atteint plus de 600% du coût initial du marché. Aussi, ont-ils affirmé que toutes les décisions de réévaluation ont suivi le processus réglementaire avant leur signature.
Samir Rabah
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