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Crise sociale, politique et sécuritaire : Révolution de palais au Maroc

 Menaces de coups d’Etat, scandales de mœurs, crise économique et sociale : jamais le Royaume du Maroc n’a été dans une situation aussi explosive que celle dans laquelle il se débat actuellement. Aux problèmes sociaux auxquels sont confrontés les Marocains, le régime alaouite fait face à une situation inédite. Le Roi Mohamed VI, déjà fragilisé par des maladies dont les effets sont de plus en plus visibles, est au cœur d’un nouveau scandale. Il s’est trouvée une nouvelle famille composée essentiellement des frères Azaitar, des boxeurs marocains qui ont grandi en Allemagne, de boxeurs néérlandais et d’autres personnages sulfureux parmi lesquels un boxeur turc « qui ne parle même pas l’arabe ». « Au début de l’année, il a même été nommé consul adjoint du Maroc à Düsseldorf, ce qui a provoqué la colère de la communauté marocaine d’Allemagne auprès de Loubna Aït Bassidi, la consule », écrit le célèbre journaliste espagnol Ignacio Cembrero dans le journal El Confidencial.Selon ce journaliste, une fin connaisseuse des arcanes du Royaume avec qui il a d’ailleurs de gros ennuis judiciaires, la fréquentation de ses nouveaux amis a dépassé le seul stade de l’amitié. En plus de leur présence permanente autour du Roi, y compris lors de la célébration de la fête de l’Aïd El-Fitr, ils filtrent désormais les visiteurs du Palais royal. En dehors d’un cercle restreint de personnes, la majorité des responsables marocains, y compris le premier ministre Aziz Akhenouche, n’ont pas accès au Monarque qui se trouve ainsi isolé. A l’ombre de cette absence royale, le pays est géré par un groupe de personnes, sous la houlette de Abdellatif Hammouchi, chef des services secrets et accessoirement de Foual Ali El Himma, le conseiller spécial du Roi. Ce sont eux qui prennent les décisions en l’absence d’un Mohamed VI, trop occupé à s’amuser avec ses amis lorsqu’il est au Maroc et à voyager, puisqu’il passe plus de la moitié de son temps à l’étranger, entre ses résidences en France, au Gabon ou en Asie. Des articles de presse indiquent que l’absence de Mohamed VI peut aller jusqu’à plusieurs mois, ce qui handicape le fonctionnement de l’Etat surtout que la Constitution donne au monarque des pouvoirs exorbitants ; il règne et gouverne en même temps.Ce vide de pouvoir survient à un moment où des actions de désertion et de mutineries se multiplient au sein des officiers de l’armée royale marocaine, notamment ceux qui se trouvent au Sahara Occidental. Un officier de l’armée, Abdelilah Issou, qui a déserté et vit désormais en Espagne, décrit une institution gangrenée par la corruption. Selon lui, les hauts officiers marocains sont des « businessmen »  et c’est le défunt roi Hassan II lui-même qui en a voulu ainsi. « Après les coups d’État (ratés) de 1971 et de 1972, il a réuni son major et leur a dit : ne faites pas de politique, faites de l’argent », raconte l’ancien officier de l’armée marocaine au site TSA. Dans ce climat, des voix se sont élevées pour demander l’abdication du Roi et la désignation de son fils ainé, Moulay Hassan, comme nouveau monarque. Un ancien ministre, Mohamed Ziane, a osé diffuser, en septembre dernier, une vidéo appelant à la destitution de Mohamed VI. Il a été condamné à 3 ans de prison ferme pour empêcher toute autre revendication similaire. Mais sur les réseaux sociaux et les médias occidentaux, les appels à l’abdication du Roi Mohamed VI se multiplient et nombreux ceux qui se posent la question sur le temps qui demeurera encore cette situation ubuesque.Pour tenter d’éteindre l’incendie, le roi du Maroc est rentré dans son pays depuis le mois de mars dernier. Il a notamment célébré la fête de l’Aid El-Fitre, signé quelques décrets notamment celui relatif à l’institution de Yennayer comme fête légale et pris d’autres décisions. Mais bizarrement, il n’a reçu aucune des personnalités et chefs d’Etats qui ont visité son pays. Il demeure dans ses palais marocains au moins jusqu’au mois de juillet, le temps de passer l’Aïd El-Adha. Après cela, il « sera libre de tout engagement », note El Confidencial. Il s’adonnera à ses escapades annuelles et s’éclipsera pour de longs mois encore.Malgré cette situation intenable, certains cercles du pouvoir au Maroc ne souhaitent pas voir le roi abdiquer. Cela est expliqué par certains médias par la crainte de voir revenir au-devant de la scène de la princesse Selma, la mère du prince héritier, Moulay Hassan, 20 ans. Ce dernier serait très attaché à sa mère, réduite au silence et dont les mouvements sont restreints depuis son divorce d’avec Mohamed VI en 2018. L’ex-épouse ne serait pas dans les bonnes grâces des autres membres du Palais Royal, notamment des sœurs du monarque. Pis, l’autre prétendant au Trône, le prince Moulay Rachid, l’unique frère du roi, vit le plus clair de son temps aux Etats-Unis et ne serait pas intéressé par le pouvoir .En attendant, le Royaume chérifien se débat dans d’inextricables problèmes sociaux. Dimanche, quinze personnes sont mortes à Essaouiera lors de bousculades pour bénéficier de couffins alimentaires distribués par les autorités locales.

Akli Ouali

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