Forum économique, rendez-vous politiques et inaugurations symboliques : au deuxième jour de sa visite d’Etat en Russie, le président Abdelmadjid Tebboune a eu une journée pleine. Après avoir prononcé un discours dans la patinée devant les hommes d’affaires des deux pays, le chef de l’Etat a rencontré dans l’après-midi le premier ministre de la Fédération de Russie, Mikhaïl Michoustine. Une occasion pour Abdelmadjid Tebboune de prononcer une petite allocution dans laquelle il a notamment rappelé que les relations algéro-russes étaient « historiques, établies depuis 60 ans, et parties pour durer quelles que soient les conjonctures internationales ». Il a ajouté que l’Algérie qui a « retrouvé aujourd’hui sa force politique et économique, entend devenir une puissance économique et industrielle en Afrique », avant de relever que cette première visite qu’il effectue en Russie intervenait « dans un contexte politique particulier et confirme, tout de même, l’amitié sincère unissant les deux pays ». L’excellence des relations politiques et diplomatiques ne reflète pas cependant des relations excellentes sur le plan économique. La preuve est qu’en dehors des armes, les échanges entre les deux pays ne dépasse pas 40 millions de dollars actuellement, a rappelé Abdelmadjid Tebboune dans ce sens. C’est pourquoi, Abdelmadjid Tebboune a tenté, dans la matinée à l’ouverture du forum d’affaires algéro-russe, de vendre les bonnes perspectives de l’économie algérienne dans le but d’attirer des investissements russes. Il a déclaré : « l’Algérie connait aujourd’hui une renaissance économique engagée à une vitesse supérieure afin de rattraper le temps perdu et les opportunités d’investissement avec nos amis, avec l’Afrique et la région de la Méditerranée », soulignant l’existence de « 1.450 projets industriels en cours de réalisation ». Il a précisé que « ce chiffre, à priori dérisoire, est pourtant un miracle dans la mesure où ces recettes n’ont jamais dépassé pendant 30 ou 40 ans, les 1,7 ou 1,8 milliard USD ». Il a rappelé, dans ce cadre, que les exportations algériennes hors hydrocarbures « ont atteint en 2022 près de 7 milliards USD et nous aspirons à atteindre, cette année, 13 milliards de dollars, pour marquer ainsi la relance effective du développement » notamment à travers les secteurs de l’industrie agroalimentaire, les start-up et les produits agricoles. Pour atteindre ces objectifs, le président de la République a affirmé que l’Algérie « a créé une agence de promotion de l’investissement pour accompagner les opérateurs économiques algériens et étrangers désirant lancer leurs projets d’investissement », ajoutant qu’elle a mené « des opérations pour assainir et habiliter le foncier industriel, réunir les facteurs susceptibles d’attirer les investisseurs et les hommes d’affaires vers les zones industrielles et les zones d’activité des micro-entreprises, dans le respect des critères de concurrence et de transparence et en offrant toutes les garanties » nécessaires. A travers la nouvelle politique, l’Algérie entend « s’affranchir de la dépendance aux hydrocarbures, un secteur dont les revenus seront exploités aux seules fins de développement », a-t-il ajouté, rappelant que ce processus, lancé en 2021, a été appuyé par sa décision de porter les exportations algériennes à 7 milliards USD. Après cette rencontre économique, le chef de l’Etat a inauguré une place qui porte le nom de l’Emir-Abdelkader dans la ville de Moscou. S’exprimant à l’occasion, le Président Tebboune a rappelé les « relations historiques établies entre l’Algérie et la Russie, soutenant que ce mémorial “témoigne de l’amitié séculaire qu’entretiennent les peuples algérien et russe ». « Nous sommes fiers de l’existence de la stèle de l’Emir Abdelkader dans la plus belle place de Moscou, capitale historique », a conclu le président de la République.
Aujourd’hui, le président de la République s’entretiendra avec son homologue Vladimir Poutine, en tête à tête dans un premier temps avant les entretiens ne soient élargis aux deux délégations. Il s’agira de faire le tour des questions communes, à commencer par les relations bilatérales, et de discuter des questions régionales. C’est le cas de la situation en Ukraine mais aussi du Sahel où la Russie compte jouer un rôle de plus en plus important. Les deux dirigeants discuteront également de l’adhésion de l’Algérie aux Brics, ce groupe de pays qui compte pour l’instant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Des accords vont être signés par des responsables des deux pays dans des domaines variés comme la Défense, les énergies, l’Agriculture et l’Education. Au dernier jour de sa visite, le président Abdelmadjid Tebboune se rendra à Saint-Pétersbourg pour assister à un forum économique régional. Une autre occasion qu’exploitera le chef de l’Etat pour évoquer les atouts de l’économie algérienne et les opportunités d’investissement qui peuvent s’y trouver.
Akli Ouali
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