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Après sa visite historique à Moscou : Tebboune ira-t-il à Paris en juin ?

La visite effectuée en Russie par Abdelmadjid Tebboune est diversement appréciée en France où il était prévu qu’il se rende début mai, avant que son déplacement ne fasse l’objet d’un report entouré d’incertitudes. Selon une source diplomatique citée par France 24, elle « n’est pas forcément vue d’un mauvais œil à Paris ». « L’Algérie est un médiateur, quelqu’un qui peut parler à d’autres auxquels on ne parle pas. Le fait qu’elle parle aux Russes, à la limite c’est tant mieux », a confié une source diplomatique qui requit l’anonymat à la chaîne de télévision. D’après Courrier international, Abdelmadjid Tebboune se rendra bel et bien à Paris le mois de juin courant. Toujours selon l’hebdomadaire français, Alger et Paris sont « en discussion pour trouver une date qui puisse convenir à la venue très attendue du président algérien en France ». Est-ce donc la fin des tergiversations ? Pas encore, estime le directeur de l’Observatoire du Maghreb à l’Institut de relations internationales et stratégiques de Paris, pour qui cela reste « très incertain », malgré l’amitié affichée par les deux chefs d’Etat, algérien et Français.  Brahim Oumansour considère le report de la visite d’Abdelmadjid Tebboune en France est un « énième épisode de relations tumultueuses et complexes qu’entretiennent Alger et Paris ». A-t-il raison ou tort d’exprimer un tel pessimisme ? L’avenir nous le dira à coup sûr. Ce qui est par contre certain, c’est sa vision erronée des motifs, qui poussent l’Algérie à afficher au grand jour ses appréhensions à l’égard de l’ancienne puissance colonisatrice. Là, il reprend carrément les thèses déviationnistes d’une grande partie de la classe politique française. « Si le passif colonial pèse encore très lourd entre les deux pays », comme il le dit, c’est surtout l’obstination de la France coloniale à considérer l’attitude algérienne issue sur une sorte de « rente mémorielle », qui en est la cause de cet épisode « très aléatoire » et « très contradictoire ». Si Abdelmadjid Tebboune s’est rendu à Moscou, ce n’est pas pour « snober » Paris comme l’ont écrit des médias français, mais pour prendre en charge les intérêts d’un pays, qui refuse toute tutelle qu’elle que  soit. L’Algérie est certes candidate à l’entrée dans le club des BRICS, or cela n’a rien à voir avec la nature de ses relations avec la France. En avançant qu’ « en choisissant d’aller en visite d’Etat à Moscou plutôt qu’à Paris, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a rappelé combien le pari d’Emmanuel Macron d’un rapprochement avec Alger restait incertain et risqué », une certaine presse française a opté pour la spéculation et les conjonctures. Entre Alger et Paris les incompréhensions demeurent, mais le contact n’a pas été rompu pour autant. Quant à la visite d’Abdelmadjid Tebboune en France ; aura-t-elle lieu ou sera-t-elle repoussée aux calendes grecques ? La question n’a pas encore été tranchée, du moins jusqu’à l’heure. Mais tant que la normalisation entre les deux pays est prise en otage par une extrême-droite française revancharde et hostile à tout rapprochement, qui prend en compte le contentieux mémoriel, le suspense demeurera d’actualité.

Mohamed Mebarki     

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