En se retirant de la présidence de son parti, le Mouvement de la société pour la paix, Abderrazak Makri, veut se donner une dimension nationale en se plaçant au-dessus des contingences partisanes. Le 18 mars dernier, Abderrazak Makri cède son poste de président du MSP. Après dix ans de présidence du parti islamiste, beaucoup ont pensé que l’homme, qui a une carrière politique de près de 40 ans, allait rentrer chez lui. Que nenni ! Quelques jours après le congrès du MSP, Makri annonce la couleur. Dans une interview accordée à une télévision privée, l’ancien député annonce la couleur : « Oui, je suis capable » d’être président de l’Algérie, avait-il en effet affirmé confirmant ainsi son ambition de briguer la présidence de la République lors de l’élection présidentielle de décembre 2024. Bien sûr, l’homme ne veut pas heurter les nouveaux dirigeants du parti dont il est toujours militant. Il a donc conditionné toute candidature à l’élection présidentielle à l’assentiment des cadres du MSP. Mais Abderrazak Makri ne s’est pas limité à ce ballon-sonde. Il y a quelques jours, il a enregistré une longue vidéo où il déroule sa vision de la politique nationale et surtout réitère son ambition. Plus que cela, il annonce que des contacts ont eu lieu à l’intérieur des instances de son parti et au-delà. « J’ai eu des contacts avec des cadres du parti, des personnalités de notre mouvement et même d’autres acteurs politiques, y compris du courant laïc », a-t-il confirmé. Pour lui, il ne s’agit pas d’être un candidat du seul MSP. Il ambitionne d’être carrément un candidat de consensus. « Je l’ai toujours dit, insiste-t-il. Aucun homme, aucun parti ne peut gouverner seul dans cette conjoncture ». Il lance d’ailleurs un appel à toutes les tendances politiques afin de l’entourer. Pour cela, il promet, à demi-mot, qu’il n’appliquera pas que son projet mais s’attellera à faire « le consensus » pour gérer ce qui semble être une transition. Car, assure-t-il, la transition que réclament des partis de la mouvance démocratique « n’est pas réaliste » et « risque » de provoquer « un vide » institutionnel. Pour le reste, Abderrazak Makri n’a pas trop varié dans son analyse de la situation. Il critique les autorités actuelles et insiste sur la construction d’une économie diversifiée pour sortir du marasme. Son analyse s’appuie sur des expériences de pays gérés par la mouvance des frères musulmans, à l’image de la Turquie et surtout de la Malaisie qui a réussi à devenir une grande économie en l’espace d’une vingtaine d’années. Mais pour parvenir à cet objectif, Abderrazak Makri doit ratisser large, donc au-delà du MSP et de la mouvance islamiste. Un pari qui est loin d’être gagné surtout que des représentants des partis du Pacte pour une mouvance démocratique –PAD- à qui nous avons parlé ont nié avoir eu des contacts avec le leader islamiste. Si l’idée d’une candidature commune à l’opposition n’est pas exclue, certains estiment qu’il est encore trop tôt pour évoquer un tel sujet. Il reste encore 18 mois avant l’élection présidentielle de 2024. D’ici là, tout demeure possible.
Akli Ouali
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