Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Fayçal Bentaleb a présenté, hier devant les sénateurs le projet de texte modifiant la loi 83-12 en vigueur relatif à la retraite. En égrenant ses arguments, à l’appui de ce changement proposé aux sénateurs, le membre du Gouvernement se réfère au Conseil des ministres du 25 décembre 2022 au cours duquel le président de la République avait donné des instructions au Gouvernement « afin d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens » Et cela, ajoute t-il, dans la perspective « de contribuer à asseoir la politique sociale équitable adoptée par le pays, en vue de protéger les catégories vulnérables et à faible revenu parmi les retraités » Au-delà de la rhétorique d’habillage du projet, quel est son apport concret ? Comment doit-il se traduire sur la fiche de paie des travailleurs, singulièrement les bas revenus qui sont les plus concernés en priorité. Ce texte, « prévoit une révision du montant de l’allocation de retraite pour le porter à 100% du salaire national minimum garanti (SNMG) au lieu de 75%”. Comprendre qu’après l’adoption du projet par les membres de la chambre haute du parlement et sa publication dans le journal officiel, le minimum de l’allocation de retraite sera égal au SNMG, c’est-à-dire 20.000 dinars. Et que, aussi, « le seuil minimum de la pension de retraite annuel est fixé à 75% du salaire minimum garanti », a encore précisé le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale. Les changements proposés par le ministre sont à mettre en corrélation avec les précédentes décisions prises par le président Tebboune en faveur des retraités, en commençant par supprimer l’IRG pour tous les retraités dont la pension était inférieure à 30.000 dinars. Ce premier geste du président sera suivi d’un autre en 2022, à savoir une revalorisation des pensions à hauteur de 5% pour les catégories dont la pension est égale ou inférieure à 20.000 dinars, de 4% pour les catégories dont la pension est supérieure à 20.000 dinars et enfin de 3% pour la catégorie égale ou supérieure à 50.000 dinars. Et enfin la dernière augmentation entrée en vigueur en mai dernier et qui concerne tous les retraités, avec un taux dégressif de 3 à 5% en fonction du montant de la retraite, soit quelque chose comme 52 milliards de dinars, selon les chiffres du DG de la CNR. Avec ses augmentations qui impactent fortement les finances publiques, est ce que le Gouvernement va clore définitivement le débat sur la retraite ? Ce n’est pas sûr, car ces augmentations sont loin de ce que n’ont de cesse de revendiquer les syndicats, y compris même l’UGTA dont le cheval de bataille était la retraite anticipée. Et à propos de cette dernière, le ministre a expliqué qu’elle restait toujours en vigueur. Mais, précise t-il « pour les cas prévus par la loi » Mais, les cas prévus par la loi ne sont toujours pas définis, car toutes les commissions qui ont travaillé sur les métiers à forte pénibilité (donc éligible à une retraite anticipée) n’ont jamais remis leurs conclusions. S’agissant de la retraite proportionnelle, le ministre du Travail est on ne peut plus formel : c’est « non », car, rappelle-t-il, « Elle était adoptée dans des condition particulières », faisant ainsi référence à l’injonction du FMI à l’Algérie dans les années 90. Les syndicats accepteront-ils de renoncer à ce qui a constitué un des moteurs de leur activisme sur le front social.
H.Khellifi.
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