Parallèlement à ses efforts soutenus destinés à intensifier les mesures destinées à développer la céréaliculture, notamment dans le sud du pays où l’investissement dans ce segment est aujourd’hui facilité par l’Etat, l’Algérie poursuit ses achats massifs de blé sur le marché mondial, dans le but de renforcer ses stocks. Afin de faire face à la sécheresse, les pouvoirs publics ont engagé depuis plus de deux ans à la politique d’encouragement à la production de céréales sous pivot d’irrigation dans le grand Sud. Dans le but de concrétiser cette politique d’avant-garde, ils avaient autorisé aux agriculteurs d’importer du matériel agricole d’occasion de moins de cinq ans. En même temps, ils ont continué à acquérir d’importantes quantités de blé par le biais de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Selon Cultivar, un magazine français spécialisé dans les transactions céréalières et qui se présente comme une publication de référence, « l’Algérie poursuit son effort de reconstitution de ses réserves de blé, tout comme son voisin marocain ». D’après la même source, en ce qui concerne l’Algérie, la « tendance s’est même accélérée ces deux derniers mois ». « Après un achat de 500 à 600.000 tonnes le mois dernier, un accord pour 400 000 t supplémentaires a été passé lundi sur les marchés. Cela s’ajoute au 1,5 million de tonnes déjà commandé en début d’année », rapporte le magazine, qui souligne toutefois que « si la France avait fait partie jusque là des fournisseurs privilégiés de l’Algérie, il semble aujourd’hui que la Russie obtienne la plus grosse part de cette transaction ». Selon les traders, cités par l’agence Reuters, « le blé meunier est acheté en grande partie de Russie, bien que les achats de l’Algérie soient techniquement d’origine optionnelle ». Les prix d’achat sont compris entre 261.50 et 264.50 dollars la tonne coût, assurance et fret inclus. Selon les mêmes traders, « près de 300.000 tonnes ont été achetées à environ 261,50 dollars la tonne, et environ 100.000 tonnes ont été achetées 1 à 2 dollars de plus la tonne ». « Le blé acheté doit être expédié en deux périodes à partir des principales régions d’approvisionnement, y compris l’Europe : du 1er au 15 août et du 16 au 31 août. Si le blé provient d’Amérique du Sud ou d’Australie, l’expédition doit avoir lieu un mois plus tôt », rappelle l’agence britannique. « L’Algérie ne divulgue pas les résultats de ses appels d’offres et les rapports sont basés sur des estimations commerciales, souligne cependant Reuters. Il est à noter que depuis le début de crise ukrainienne, l’Algérie, qui était considérée comme un client important pour le blé de l’Union européenne, notamment de la France, s’est orientée vers la Russie. Les céréales russes ont récemment étendu leur présence de manière progressive sur le marché algérien. C’est l’Office algérien des céréales (OAIC), organisme public, détenant le monopole de l’importation de ce produit de large consommation, qui est chargé de toutes les opérations. Localement, et en plus des efforts déployés pour améliorer la performance de l’OAIC, l’Algérie s’est tournée vers le grand Sud et ses grandes potentialités agricoles. Le ministre de l’Agriculture avait déjà évoqué à maintes reprises l’importance que requiert l’agriculture saharienne aujourd’hui plus que par le passé. « L’agriculture saharienne est une priorité absolue dont nous sommes convaincus. Nous avons des disponibilités foncières, la création de l’office de développement de l’agriculture saharienne en 2021 et la mise à disposition d’un portefeuille qui avoisine les 250 000 hectares et qui sont exploités dans l’immense majorité des cas sont autant de facteurs encourageants », avait-il souligné dans une intervention à la chaîne III de la radio nationale.
Mohamed Mebarki
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