Il n’y a aucune chance pour que les pouvoirs publics interviennent pour mettre fin ou du moins atténuer la flambée des prix des moutons de l’aïd. A quelques jours de la fête religieuse majeure que les Algériens vont célébrer à l’instar de tous les musulmans, l’idée du sacrifice prend une tournure problématique pour une grande partie de la population, particulièrement les catégories dont le pouvoir d’achat n’en finit pas de s’éroder au fil des dévaluations de la monnaie locale par rapport aux devises fortes. Intervenant jeudi devant les membres de l’APN, le ministre de l’Agriculture n’a pas tergiversé pour admettre que le marché est libre. Cela voudrait-il dire que le citoyen sera livré à la bonne volonté des éleveurs et les réseaux d’intermédiaires et de vendeurs occasionnels, très actifs depuis quelques semaines ? Non, a répondu Mohamed Abdelhafid Henni affirmant que l’Algérienne des viandes rouges, organisme étatique, propose des moutons à des prix « fixes et raisonnables ». « Secoué » par les critiques exprimés par certains députés, le ministre a essayé de se défendre en soulignant qu’il n’y a aucun problème de disponibilité et que les moutons sont proposés à partir de 40 000 dinars. Tout en évoquant l’étude relative à la réorganisation des marchés de gros, présentée en réunion du gouvernement, qui vise à intégrer les marchés parallèles ainsi que ceux du bétail, Mohamed Abdelhafid Henni a éprouvé de grosses difficultés pour faire passer son discours. La veille, un communiqué du ministère du Commerce rendu public, annonçait l’ouverture de 1 225 points de vente de bétail à travers le territoire, dans le but de faire chuter les prix jugés excessifs pour ne pas dire inabordables. « Cette opération intervient en vue d’assurer l’encadrement de la vente de moutons et toutes les conditions nécessaires pour garantir ce rite de sacrifice dans de bonnes conditions sanitaires en prévision de l’Aïd El Adha », selon les propres termes du communiqué. L’installation de ces points de vente à travers l’ensemble des wilayas finira-t-elle par avoir un impact sur l’évolution des prix d’une manière générale ? Au-delà de cette question récurrente, qui revient chaque année, c’est le problème de la structure de toute la filière, qui reste posé. En réponse à une question sur la disponibilité des viandes rouges à des prix abordables, le ministre de l’Agriculture s’est limité à des explications d’ordre général, en soulignant que « dans le cadre de la stratégie de développement de la filière des viandes rouges, plusieurs mesures ont été prises, notamment le développement de l’élevage bovin, la garantie du fourrage et la poursuite de l’opération d’importation de veaux, entamée durant le Ramadhan dernier pour assurer l’approvisionnement du marché ». Mais comment briser le diktat des réseaux d’intermédiaires et de revendeurs occasionnels ? La question reste toujours posée, si l’on se fie aux propos d’un éleveur repris par un confrère, le rite du sacrifice, qui n’est pas pourtant une obligation religieuse, ne sera pas à la portée de tout le monde. « Les prix ne vont pas baisser, bien au contraire ils ont tendance à augmenter », a déclaré cet éleveur.
Mohamed Mebarki
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