Le spectre d’une cross-connexion plane sur le quartier de Marachou. Le risque de développement d’un foyer d’hépatite virale y est pris très au sérieux par les représentants de la société civile locale, notamment l’association de ce quartier de la banlieue sud de la ville. Selon le président de cette entité de la société civile, au moins quatre citoyens ont contracté une hépatite virale, ces derniers jours. « Il y aurait des fuites d’eau usées sur le réseau d’assainissement desservant certaines parties de ce quartier », avertit Ali Boukheche, le président de l’association de quartier. M. Boukhache croit, en effet, que les cas d’hépatite en question n’ont commencé à éclater que depuis que certaines parties de cette cité ont été équipées d’un réseau de collecte et de drainage des eaux polluées. Il expliquera : « Les sources d’eau utilisées traditionnellement par les habitants de Marachou sont situées dans la proximité du réseau d’assainissement. Je pense que les eaux de ces sources auraient été polluées », a-t-il prévenu, samedi 24 juin, lors d’une intervention sur les ondes de la radio locale. En outre, il précisera que les services de la santé publique, alertés, ont effectué des analyses microbiologiques des eaux des sources utilisées par les riverains et que les résultats se sont révélés positifs. L’intervenant précise, par ailleurs, que les habitations de Marachou ne sont pas toutes branchées au réseau d’assainissement. Certaines maisons continuent, selon lui, d’évacuer leurs eaux souillées via des fosses septiques. A ce propos, il précisera qu’environ cinquante habitations dans le quartier utilisent encore ces ouvrages archaïques pour se débarrasser de leurs eaux usagées. Et d’alerter : « De nombreuses fosses septiques sont saturées et elles commencent à déborder sur l’environnement ». Le locuteur précise, par ailleurs, que son association a adressé un rapport à l’Assemblée Populaire Communale (APC) et à la direction de l’Environnement et qu’elle a reçu une réponse de la part du maire quant à une intervention prochaine de la part des services municipaux compétents. Pour voir plus clair, L’Est Républicain s’est rapproché avant-hier, dimanche 25 juin, d’un cadre de l’Office National de l’Assainissement (ONA) de Mila. Sous le couvert de l’anonymat, notre interlocuteur a confirmé l’information relative aux cinq fosses septiques qui débordent dans le quartier. En revanche, il a nié l’existence de fuites sur le réseau d’assainissement de la région. « Il est vrai que des habitations à Marachou se servent encore de fosses septiques et que cinq de ces ouvrages ont commencé à montrer des signes de saturation, en déversant leurs eaux polluées à l’air libre », a-t-il indiqué. Notre interlocuteur impute, par ailleurs, les cas d’hépatite signalés aux eaux déversées par les fosses et non à d’éventuelles fuites sur le réseau de drainage des eaux usées. « Les sources d’eau ont été plutôt polluées par les eaux des fosses et non pas par celles provenant d’une prétendue fuite sur notre réseau », a-t-il souligné. Le cadre de l’ONA précise, d’autre part, que la commission de wilaya des Maladies à Transmission Hydrique (MTH) s’est rendue sur les lieux depuis 21 jours pour évaluer les risques sur la santé publique et l’environnement. En outre, il a affirmé que les cinq fosses septiques défaillantes sont inaccessibles aux engins-aspirateurs et que la meilleure solution est de brancher les habitations concernées au réseau d’assainissement. Mais les déboires de ce quartier d’environ 3.000 âmes ne sont pas pour s’arrêter là. Le manque d’Alimentation en Eau Potable (AEP) et l’inexistence des bacs à ordures dans le quartier sont les autres carences déplorées par M. Boukheche. Il affirme que les habitations ne sont pas branchées au réseau d’AEP, ni équipées de poubelles. « Pour la mairie, Marachou est un quartier classé rural et n’a, de ce fait, pas le droit à des poubelles », dit-il, rapportant des propos que des responsables municipaux lui auraient fait entendre. Bref, ce quartier, particulièrement populeux, connait une dégradation alarmante de son cadre de vie. Aussi, les responsables locaux sont-ils appelés à intervenir, dans les meilleurs délais, pour prévenir les riverains d’éventuelles incidences de cet état de fait sur leur santé, notamment par ces temps très favorables au développement de MTH.
Kamel B.
Partager :