Comme l’attestent les toutes dernières réactions politiques, exprimées publiquement, l’émotion en Algérie est loin de baisser. Suite à la mort atroce du jeune Nahel tué, mardi passé, à bout portant par un policier à la gâchette facile, invoquant un soi-disant droit de légitime défense. C’est au plus haut niveau de l’état que cette tragédie a connu dimanche un nouveau prolongement, à la faveur de la prise de parole du président Tebboune, en fin de Conseil des ministres, pour recommander à son ministres des Affaires étrangères une plus grande écoute des préoccupations de notre communauté, au moment où elle fait face à une nouvelle escalade raciste en France. Ainsi, le président Tebboune « a mis en avant l’importance extrême qu’accorde l’état à l’écoute permanente et à la prise en charge des préoccupations de notre communauté, par voies diplomatiques », explique le communiqué du Conseil des ministres. Une exigence qui trouve son origine dans les engagements du chef de l’Etat « à œuvrer à améliorer les conditions de vie de la communauté algérienne dans différents domaines socioculturels, et à faciliter le retour des compétences et des cadres algériens, notamment à la faveur des conditions favorables à un décollage économique prometteur qui profitera au peuple algérien », ajoute le communiqué. Le ministre des Affaires étrangères a eu droit aux éloges du premier magistrat du pays, qui a salué dans ce cadre « les performances du ministère des Affaires étrangères, tendant à maintenir les passerelles de communication et à renforcer les liens entre notre communauté et la mère-patrie », conclut le communiqué du Conseil des ministres. Les députés de l’émigration ont brillé jusque-là par leur mutisme, alors qu’ils sont censés être en première ligne pour faire pièce à l’offensive anti-algérienne des médias français, relayant le discours haineux de l’extrême droite, qui préfère mettre en avant les dégâts causés par les émeutes déclenchées après la mort de Nahel, dans une vaine tentative de cacher l’abominable crime. Fort heureusement, un député indépendant représentant notre communauté émigrée est sorti du lot en invitant ses collègues de l’Assemblée lundi« à passer de la défensive à l’offensive pour porter le message des algériens et dénoncer avec force cet acte ignoble perpétré mardi passé », Mohamed Hani, qui s’exprimait au micro de la radio nationale a interpellé « toutes les institutions du pays à « la protection de nos compatriotes et de leurs biens où qu’ils se trouvent », rappelant au passage que « pas moins de 13 assassinats ont été commis dernièrement par la police, sauf que celui de Nahel a connu un grand retentissement grâce aux réseaux sociaux ».Député indépendant représentant de la communauté algérienne en France, Mohamed Hani parle d’un « acte raciste » et de « délit de faciès ». Les propos de ce parlementaire sont dans la même tonalité émotionnelle et politique exprimée par les partis politiques nationaux, comme le FLN, le RND, Nahda, El Bina, et le Rassemblement Algérien (RA), qui ont tous fait assaut de qualificatifs pour dénoncer le crime et appeler la France à son devoir de protection enversles ressortissants algériens et leurs biens ».La mort du jeune Nahel marque un changement radical de ton dans la position officielle des autorités algériennes, jusque-là plutôt discrète, voire mutique, quand un ressortissant, dont les parents sont originaires du pays, est victime de violences policières en France. Ce changement de position s’explique à l’évidence par un changement de contexte, au regard de la crispation qui caractérise à nouveau les relations algéro-françaises, sur fond de polémique, suite aux appels d’une partie de la classe politique (notamment l’ancien premier ministre, Edouard Philipe, Marine Le Pen, Eric Zemmour, Eric Ciotti) qui réclament l’abrogation des accords de 1968, accordant une priorité illusoire à l’émigration aux ressortissant algériens. En réponse à cette revendication, le président Tebboune, comme de juste, a pris le 21 mai un décret à travers lequel il réintroduit un couplet de l’hymne algérien hostile à la France, supprimé en 1986 par le défunt président Chadli Bendjedid (1978-1991), dans un geste d’apaisement des relations bilatérales. « Ô France, le temps des palabres est révolu […] Voici venu le jour où il te faut rendre des comptes », dit ce couplet considéré comme « francophobe » par des représentants de la classe politique française.
H.Khellifi
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