Reportée à plusieurs reprises, la visite que doit effectuer le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, aura bien lieu. Une troisième date va bientôt être fixée.Prévue une première fois au mois de mai avant d’être repoussée au mois suivant, la visite d’Abdelmadjid Tebboune à Paris aura bien lieu, assure-t-on de bonnes sources. Le chef de l’Etat algérien se rendra en France en automne, « en septembre probablement », assure-t-on. Mais contrairement à la fois passée, la date précise de cette visite, très attendue, n’est toujours pas annoncée par les deux gouvernements. D’ici là, la France changera son ambassadeur en Algérie.En mai dernier, à l’issue d’un échange téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, les deux parties ont annoncé une visite d’Etat du président algérien à Paris pour « la deuxième moitié du mois de juin ». Aucune date n’a été précisée, mais les observateurs avaient conclu que ce rendez-vous, attendu des deux côtés de la méditerranée, allait finalement avoir lieu, pour notamment sceller les relations retrouvées entre les deux pays, liés par l’histoire et l’émigration.Mais des grains de sable sont venus repousser encore l’échéance de cette visite. Des dossiers qui ne sont pas mûris, des discussions inachevées sur des sujets communs ou parfois des désaccords sur un sujet précis, ont poussé au report du premier rendez-vous. C’est notamment vrai pour le dossier des indemnisations des victimes des essais nucléaires dans le sud du pays, de la question des disparus ou encore des visas. Mais des sujets d’actualité ont fait le reste. Ainsi, début juin, la presse française a largement commenté un décret présidentiel réhabilitant tous les couplets de l’hymne national, Qassamen, y compris celui qui interpelle directement la France. Pour une partie de la classe politique française, cette décision algérienne avait des arrière-pensées politiques. Or, il ne s’agit que d’une décision corrigeant une autre, datant de 1986. Cette polémique est arrivée jusqu’aux dirigeants français puisque la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, s’est permis un commentaire auquel a répliqué son homologue algérien, Ahmed Attaf. Puis, au même moment, le président Abdelmadjid Tebboune s’est rendu à Moscou, puis à Saint-Petersbourg, en Russie, pour y rencontrer le président russe Vladimir Poutine et participer à un forum économique mondial. Un acte que beaucoup de politiques français, notamment d’Extrême Droite, ont interprété comme un parti pris algérien en faveur de la Russie dans le conflit ukrainien.Enfin, la mort du jeune Nahel, adolescent de 17 ans d’origine algérienne, tué par un policier français le 27 juin dernier, a créé une situation inédite : l’Algérie a réagi officiellement en exprimant notamment son « choc » et inquiétude après ce drame. Elle a exprimé son attachement à la sécurité des Algériens établis en France. Cela a soulevé un tollé dans la classe politique française, plus habituée à donner des leçons qu’à en recevoir.Tous ces éléments prouvent que les relations algéro-françaises n’ont jamais été « ordinaires » ou « banales ». Mais l’élan donné par les deux chefs d’Etat permettra certainement de dépasser ces crises conjoncturelles. Il reste désormais à savoir si les deux chefs d’Etats trouveront un accord sur une date pour cette visite. Surtout qu’à cause des manifestations sociales dans son pays, le président français a déjà repoussé deux visites d’Etats ; la première, prévue début avril, était celle du roi d’Angleterre. Emmanuel Macron lui-même devait se rendre en Allemagne, en visite d’Etat, de 2 au 5 juillet. Mais il a dû annuler cette visite à cause des émeutes qu’ont connues certaines régions de France. Il devra donc trouver de nouvelles dates pour ces deux visites,en plus de celle du président algérien.
Akli Ouali
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