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Enseignement de l’anglais : L’Algérie passe à la vitesse supérieure

L’Algérie entend, à l’évidence, aller plus et plus vite dans l’introduction de la langue anglaise dans l’enseignement, avec et objectif non déclaré de remplacer à terme le français qui reste néanmoins plus qu’un simple lange étranger. Cette volonté des pouvoirs publics de promouvoir la langue de Shakespeare s’origine dans la toute récente correspondance du ministre de l’Enseignement supérieur, Kamel Bedai, aux chefs d’établissements supérieurs leur enjoignant de mettre en place « en toute urgence » les conditions humaines, pédagogiques et techniques en vue de donner toute sa place dans l’enseignement à la langue de Shakespeare. « En application des directives du ministre et dans le cadre de la préparation de l’introduction de la langue anglaise en tant que langue d’enseignement à partir de l’année 2023/2024, il vous est demandé l’organisation  de réunions à l’effet de constituer des équipes pédagogiques selon la matière ou le module avant le départ en vacances », écrit le ministre aux chefs des établissements dans son instruction. Plus explicite, Kamel el Bedari, ajoute que chaque équipe pédagogique « placée sous un président élu ou désigné, doit être composée d’enseignants de différents grades, dont des maitres de conférences et assistants chargés des travaux pratiques (TP)et des travaux dirigés (TD), la supervisons de ce « dispositif » incombant à la Commission nationale en charge du suivi et de l’évaluation des programmes de formation et des étudiants de 3ème cycle en langue anglaise. Chronologiquement, la correspondance du ministre aux directeurs des universités vient en aval de la création, en novembre 2022, de la plate-forme numérique de télé-enseignement de l’anglais élaborée par l’université américaine Massachusetts Institut of technology(MIT), l’objectif étant de permettre à « 30.000 professeurs de suivre une formation en ligne et pourront atteindre les niveaux B2, voire C13 », lit-on encore dans la circulaire. La volonté des autorités d’introduire de l’anglais dans l’enseignement supérieur dés la rentrée de septembre prochain marque un nouveau palier dans leur démarche  qui, pour rappel, a déjà  vu l’instauration, l’occasion de la rentrée scolaire 2022/2023, l’apprentissage de l’anglais au cycle primaire à partir de la troisième année, comme deuxième langue étrangère à côté du Français. « Certes, le français est un +butin de guerre+, mais l’anglais est aujourd’hui la langue universelle qui véhicule plus de 70% de la connaissance scientifique et technique », avait alors défendu le président Tebboune, lorsqu’il avait pris en Conseil des ministres de juillet 2023 la décision d’initier les jeunes écoliers algériens à la langue de l’auteur de Hamlet. Il va de soi que la mise en place de l’anglais la place du français pour les enseignements techniques scientifiques et mêmes des sciences humaines est ne mesure de bon sens étant donné que l’essentiel de la recherche de la production scientifique et intellectuelle   dans le monde a pour langue l’anglais. Cependant, la démarche des autorités algériennes appelle quelques bémols et en premier lieu ce qui s’apparente comme une précipitation, voire une improvisation, après l’annonce de cette décision, alors que les conseils scientifiques sont tout à la tenue des examens de fin d’année. N’aurait-il pas été probablement plus efficace d’éviter ce télescopage entre ces deux échéances (examen de fin d’année et mise en œuvre de l’instruction ministérielle) ? Mais au-delà de ce chevauchement de date et toujours en termes de timing et de méthodologie, n’aurait-il pas fallu par les pouvoirs publics de procéder d’abord à une évaluation froide et rigoureuse de l’introduction de l’anglais au primaire et en tirer tous les enseignements ? Ces enseignements, une fois tirés, constitueraient à coup sûr des pré requis favorables pour une meilleure mise en œuvre de l’instruction de Kamel Bedari, visiblement moins motivée par des considérations pédagogiques et scientifique que par des motivations politique en rapport avec le contexte de crise que traverse les relations entre l’Algérie et la France.

H.Khellifi.    

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