C’est la désolation et la colère qui règnent parmi les agriculteurs des wilayas d’Annaba et d’El Tarf devant décharger leur blé à la Coopérative des Céréales et des Légumes Secs (CCLS), située en face de la cité Attoui, dans la commune d’El-Hadjar. Des camions, à perte de vue tant sur la route nationale 16A que sur la 16, attendent depuis trois jours pour décharger leurs céréales qu’ils viennent à peine de récolter.
Hier matin, dimanche 9 juillet, parmi les agriculteurs que nous avons approchés, le désarroi était à son comble. Et pour cause, selon leur représentant, Azzedine Berkane, membre également du conseil d’administration de la CCLS, pratiquement tout le blé des agriculteurs a été refusé, sous prétexte qu’il a commencé à germer. Il ajoute que sur seulement 146 camions de vingt tonnes loués par les agriculteurs, seuls quatre d’entre eux ont été autorisés à décharger leur blé. Dans ce sens, une réunion d’urgence, selon notre interlocuteur, s’est tenue dimanche matin pour traiter de ce grave problème, qui s’est achevée vers midi. Cette réunion a été sanctionnée par un rapport détaillé adressé au wali d’Annaba afin d’intercéder auprès de la CCLS pour trouver une solution à cette situation qui pénalise lourdement les agriculteurs. Pour rappel, les dégâts subis par la culture des céréales sont dus d’une part à la sécheresse et d’autre part aux précipitations tardives qui ont affecté ces cultures. La colère ne cesse de grandir chez les agriculteurs qui réclament une solution d’urgence. Cependant, la CCLS refuserait de prendre leurs récoltes sous prétexte que même si cela doit être fait, les services du commerce refuseront leur commercialisation car elle est impropre à la consommation. Vers 14h30, hier, le grand portail de la CCLS a été fermé. S’en est suivie une vive altercation entre les agriculteurs et les gardiens. Les agriculteurs nous ont déclaré qu’en plus de la pesée, un bon de rejet leur est délivré. Il s’agirait de pertes sèches que seul l’État pourrait combler. À cet égard, le rapport adressé aux instances concernées, selon Azzedine Berkane, mentionne que 6.000 dinars par quintal est le minimum de compensation pour les agriculteurs, et il revient à l’État de trouver un terrain d’entente avec l’organisme du blé. Sur place, les agriculteurs nous ont déclaré que la direction de la CCLS aurait instruit les centres de collecte de blé situés à Zorami dans la commune de Chebaita Mokhtar, à El Nous dans la commune de Ben M’Hidi et à Reguioua dans la commune de Besbes, de refuser de prendre le blé. On leur aurait demandé de se diriger vers El-Hadjar. Cependant, selon ces mêmes agriculteurs, les conditions de stockage de 20.000 quintaux ne permettent pas de prendre tout le blé. En voulant obtenir de plus amples informations auprès du directeur de la CCLS, on nous a dit que ce responsable est à Alger. A rappeler que les wilayas d’Annaba et d’El Tarf se partagent environ 37.000 hectares dans la culture des céréales. Enfin, désespérés, des agriculteurs ont bloqué les routes à Zorami, Reguioua et El Nous pour protester contre ce qu’ils endurent depuis trois jours. Ils espèrent que leur cri de détresse sera entendu par le président de la République.
Iheb
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