Des baraques, avec des murs réalisés en dur et des toits en zinc, ont poussé, ces trois dernières années, comme des champignons le long de la route reliant Seroual au quartier d’Oued Nil, relevant d’El Bouni, une commune réputée pour ses mille et une bicoques. Dans cette partie « cachée » de la Coquette, la razzia de terrains forestiers et agricoles est monnaie courante.
Paradoxalement, à côté de ces habitations précaires, toutefois équipées de climatiseurs, on peut trouver des véhicules haut de gamme tels que des Golf, des séries 6 et des 4×4 tels que la Jeep Land Rover, la Kia Sportage et la Nissan, a-t-on constaté. Sur les lieux, les visiteurs sont rapidement repérés et il est difficile pour un étranger d’oser prendre une photo. L’hygiène du milieu est grandement négligée, ce qui est vrai pour la région dans son ensemble. L’environnement est dans un état d’insalubrité totale, jonché de détritus divers (verre brisé, débris de bouteilles, boîtes de conserve en plastique, troncs d’arbres) et envahi par les ovins et bovins. La zone forestière qui domine le site est en train de perdre son couvert végétal et est qualifiée de « zone interdite » ou de « sanctuaire des narcotrafiquants » par la population. Même les services de sécurité y courent de grands risques. Information prise, la mafia du foncier et la création de nouveaux pôles urbains (Kalitoussa, Benmostefa Benaouda et Aïn Djebara) seraient largement responsables de la ruée sur les terrains et du phénomène de constructions illicites, non seulement dans ces lieux, mais aussi dans certaines régions environnantes. C’est le cas d’Aïb Amar, un bourg jouxtant la route nationale 44, situé entre la cité Oued Zied et l’échangeur d’Oued El Aneb. En seulement un an, de nombreuses habitations individuelles ont été construites dans ces régions sans que personne ne lève le petit doigt, et les services techniques des Assemblées Populaires Communales (APC) semblent totalement déconnectés. De plus, un bidonville s’est implanté près du pôle urbain de Kalitoussa, et même le périmètre de sécurité de la faculté d’El Bouni aurait été violé par la construction de baraques du côté de la cité fantôme de Bidari. La fièvre de la construction illicite se propage également dans les nouveaux pôles urbains de Berrahal et d’Aïn Djebara, attirant les personnes en quête de logements sociaux. Ces constructions sont essentiellement localisées dans les plus importantes agglomérations, à savoir le chef-lieu de wilaya, El Bouni, Sidi Amar, El-Hadjar et Berrahal. Cette situation est qualifiée de « grave et sans précédent ». Il suffit de se promener dans ces lieux pour constater une catastrophe urbanistique programmée. Annaba, la Coquette, quatrième ville d’Algérie, capitale de l’acier, ouverte sur la Méditerranée, balnéaire et universitaire, mérite un meilleur sort.
- Salah-Eddine
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