De nombreux témoins oculaires signalent que dans la matinée d’hier, lundi 17 juillet, une importante marée de couleur jaunâtre était visible au large de l’embouchure de l’oued Seybouse. Cette marée suspecte aurait été repérée initialement, selon la même source, près du quai de chargement du port, reliant l’unité de production d’ammoniac du complexe Fertial.
Si nos interlocuteurs pointent du doigt la conduite en pipe de Fertial qui assure le transport de l’ammoniac depuis le complexe jusqu’au port, le service de l’environnement d’Annaba n’a pas fait de déclaration à ce sujet. Nous avons tenté d’obtenir des réponses auprès dudit service, mais en l’absence du directeur, personne n’a voulu répondre à nos interrogations. Le vent du Sud qui soufflait ce jour-là a déplacé cette gigantesque marée vers le nord-est du littoral annabi. Faut-il rappeler que la pollution des rejets toxiques dans cette partie du littoral d’Annaba a empoisonné la vie quotidienne de nombreux habitants, en particulier dans les quartiers populaires et populeux de Sidi Salem et Joannoville ? Certains ne rejettent pas l’hypothèse d’un rejet nuisible d’une entreprise implantée près, voire aux abords de l’oued Seybouse, où le danger de pollution n’est plus menaçant ou imminent, mais omniprésent. D’autres tirent la sonnette d’alarme et estiment qu’aujourd’hui, les risques de pollution maritime sont de plus en plus importants, notamment avec l’augmentation des exportations de phosphate, d’ammoniac et d’hydrocarbures raffinés, ainsi qu’avec le développement du transport maritime de substances dangereuses. Dans ces deux quartiers, tout le monde le dit : « Le mal à Annaba est nommé les complexes Fertial, Asmidal et Sider El-Hadjar, qui déversent des quantités de déchets toxiques, transformant ce plan d’eau où se jette l’oued en un véritable dépotoir nuisible. La présence de ces complexes a découragé la réalisation de tout projet touristique dans la cité Seybouse, autrefois une belle ville européenne ». Il est à noter que le complexe industriel Fertial a déjà été épinglé dans un rapport accablant sur l’environnement rédigé par l’Assemblée Populaire de Wilaya (APW) d’Annaba, qui mettait en évidence une situation catastrophique qui n’a plus lieu d’être dans le pays en ce troisième millénaire. Qualifié de « bombe atomique » par les habitants de la cité Seybouse, le complexe industriel, implanté au milieu d’un environnement urbain, présente de réels risques multiples pour la santé publique. Depuis sa mise en exploitation, Asmidal a déjà eu des effets néfastes sur la santé de nombreux habitants, en particulier dans la commune d’El Bouni. Rien que pour l’année 2015, le rapport de l’APW mentionne environ 15.000 cas d’affections respiratoires, sans compter les nombreux cas d’affections et d’allergies dus aux émanations non stop du complexe dans l’atmosphère. En l’absence d’une association environnementale digne de ce nom, les côtes maritimes d’Annaba et l’oued Seybouse continuent d’être les plans d’eau les plus pollués du pays.
B. Salah-Eddine
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