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L’assemblée de wilaya de Biskra sonne le tocsin :  Les zones rurales surexposées aux piqûres de scorpions ! 

La dernière réunion de travail de l’Assemblée Populaire de la Wilaya (APW) de Biskra, tenue au début de ce mois de juillet, a permis de passer en revue plusieurs secteurs dont celui de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’habitat et de l’aménagement urbain et de la santé publique. Il était aussi question des mesures à prendre pour prémunir la population contre les zoonoses et notamment les envenimations scorpioniques qui « continuent de faire des ravages dans les zones rurales », selon la commission de cette instance chargée d’établir un rapport sur la situation. En 2021, on a comptabilisé 2.169 piqûres de scorpions ayant entrainé la mort de trente personnes. Au chef-lieu de la wilaya, on a dénombré, cette année là, 211 piqures de scorpions. L’année suivante, ce nombre a culminé à 3.642 cas avec 1.411 personnes piquées par un scorpion dans les zones rurales et agropastorales de l’est de la wilaya de Biskra où se trouvent les communes d’Ain Naga, Meziraà, Zeribt El Oued et El Faidh. Celles-ci ont respectivement enregistré 524, 450, 400 et 390 cas d’envenimations. Pour le premier trimestre de l’année en cours, ce rapport indique la survenue de 245 cas de piqûres venimeuses provoquées par cet insecte endémique, a-t-on appris. « Certes, nous sommes loin des 7.500 cas de piqûres de scorpions enregistrés en 2012, une année où onze personnes dont des enfants ont perdu la vie. Mais il faut noter que ce type d’envenimations constituent toujours un danger planant sur les habitants des périmètres aet des zones agricoles où cet insecte nuisible croît dans les champs, sous les décombres de vieilles maisons en terre battue ou sur les terrains rocailleux et broussailleux. Pour limiter la propagation des scorpions et en annihiler les effets létaux, nous allons émettre un éventail de recommandations et de mesures à mettre en place dans les délais les plus courts possibles », a confié Toumi Gerbaz, président de l’APW de Biskra. La première de ces recommandations est d’œuvrer pour l’ouverture d’un centre de collecte de ces insectes dangereux, qui est le seul arachnide à posséder un abdomen divisé en deux parties et dont la « queue » se termine par une vésicule à venin ou telson, un organe de défense muni d’un aiguillon pouvant être mortel pour l’homme en cas d’inoculation.

Un dispositif innovant tombe à l’eau

A ce propos, il faut rappeler la Direction de l’Action Sociale et de la Solidarité (DASS) de Biskra avait lancé, en 2016, des offres de marchés publics destinés à soumissionner des micro-entreprises chargées de collecter des scorpions vivants dans leurs aires de prolifération. Ce dispositif étatique doté d’un important budget n’est plus en vigueur depuis 2019, nonobstant le fait qu’il a favorisé la création de postes de travail pour des dizaines de jeunes de la région. Il avait pour ambition d’atténuer le taux d’infestation des scorpions, de nettoyer et assainir les localités semi-urbaines, les champs et les exploitations agricoles et de collecter le plus grand nombre de ces insectes à Biskra pour les envoyer vers les laboratoires de l’annexe de l’Institut Pasteur de M’sila où l’on procède à l’extraction du venin avec lequel on fabrique le sérum antidote. Les autres recommandations ont trait à la nécessité de nettoyer les zones urbaines et rurales des déchets solides et des tas de gravats, de débroussailler régulièrement les alentours des maisons et de doter toutes les zones d’habitation d’un éclairage public. Il faut savoir que le triangle formé par Biskra, Bou Saâda dans la wilaya de M’sila et Ouergla, est connu pour être un important foyer de prolifération de scorpions (Androctonus australis) entraînant annuellement des milliers de cas d’envenimations de personnes et de décès quand la prise en charge de la victime est tardive ou mal effectuée. On estime que chaque année, plus d’un million de personnes sont piquées par des scorpions localisés dans les pays chauds de l’hémisphère sud du monde. Selon les statistiques officielles algériennes, plus de 50.000 personnes sont annuellement victimes de ce type de piqûres. Ces insectes, faut-il le noter, sont dotés d’un venin neurotoxique assez puissant pour tuer un chien en dix secondes et provoquer chez l’être humain diverses lésions locales accompagnées de douleurs sur le point de ponction, d’engourdissement du membre touché, de nausées, de gonflements cutanés et d’incoordination des mouvements, voire la mort en quelques heures pour les sujets les plus vulnérables. La base du traitement contre une envenimation scorpionique, permettant une rétrocédassion rapide des symptômes, est l’inoculation rapide de sérum antivenimeux. Comme le signale un rapport publié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la disponibilité de ce produit est cependant précaire car sa production mondiale est inférieure aux besoins estimés, bien que le venin du scorpion est le liquide biologique le plus onéreux au monde. A Biskra où l’on enregistre encore des cas de piqûres de scorpions ainsi que des décès survenant dans les zones rurales, la situation demeure préoccupante, ont conclu les élus de l’APW, saluant la disponibilité des produits anti-piqûres de scorpions dans tous les dispensaires de santé de la wilaya de Biskra.                                    

                                                                           

Hafedh Moussaoui  

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