L’empressement avec laquelle le Makhzen a annoncé la réception de la lettre adressée à Mohamed VI par Benyamin Netanyahou exprime d’une manière flagrante l’état de déliquescence politique et morale d’une monarchie décadente. « Israël a décidé de reconnaitre la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental », avait annoncé lundi le cabinet royal. Mais que signifie cette précipitation, alors que Tel Aviv n’a fait qu’informer Rabat qu’ « Israël examinait positivement l’ouverture d’un consulat dans la ville de Dakhla » ? Que cherche le Maroc à travers une telle annonce ? Certes, les services du Premier ministre de l’Etat sioniste ont précisé qu’ « Israël confirme les détails contenus dans l’annonce des autorités marocaine. Mais cela n’empêche pas de voir dans la démarche des Marocains une manière de faire pression sur les Israéliens afin que ces derniers dépassent le cap des intentions vers celui des actes. Il s’agit là d’une question de rapport de forces, qui traduit la soumission totale d’une monarchie à la dérive, mais qui s’acharne par le biais des ses porte-voix et ses médias à donner une image inverse. Dans ce jeu d’influence, c’est toujours l’Etat sioniste qui mène la partie. Une preuve supplémentaire que le Makhzen n’a plus aucune emprise sur sa propre souveraineté. Une grande partie du peule marocain le sait, mais est contrainte au silence par la force. Quoi qu’il en soit, cela constitue, pour les autorités algériennes, un non-événement, d’autant plus que même la reconnaissance de Trump en 2020 n’a pas réussi à changer la nature de la question sahraouie. Si l’Algérie s’est abstenu de réagir officiellement, c’est parce qu’elle considère depuis l’annexion du territoire sahraoui par l’armée marocaine qu’il s’agit d’une question de décolonisation, qui ne peut être résolue qu’à travers l’application du droit international. « Globalement, je dirais que cette reconnaissance ne sert pas le royaume du Maroc sur la question du Sahara occidental », a estimé un journaliste algérien dont les propos ont été publiés dans le site Middle East Eye. Le même média a rapporté les propos d’un universitaire algérien. Celui-ci s’est longuement interrogé sur la contrepartie de cette reconnaissance encore en projet. « Quelle sont les concessions consenties par le Maroc en contrepartie ? », s’est-il demandé, « en notant que si Rabat accepte que sa représentation marocaine à Tel Aviv devienne une ambassade et ouvre par ailleurs un consulat à Jérusalem, cela impliquerait que le Maroc reconnaisse que Jérusalem est la capitale d’Israël ». Israël va-t-elle forcer Mohamed VI, président du comité Al Qods, à reconnaitre cette ville comme la capitale de l’Etat sioniste ? C’est une éventualité à ne pas écarter. Dans ce cas, ce sera fini pour un monarque et son régime fragilisé. Même les Marocains, qui ont cautionné le discours du Makhzen sur le Sahara occidental vont finir par s’en détacher en revenant à une évidence qu’ils ont occultée pour plusieurs raisons : il s’agit d’une occupation. Le président du comité Al Qods pourra continuer à tirer profit de son commerce florissant avec Israël, élargir son racket ou d’envoyer les adolescentes marocaines travailler comme domestiques en Arabie Saoudite, mais il ne pourra jamais éviter l’inéluctable : le triomphe du droit universel et de la légalité internationale.
Mohamed Mebarki
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